Centre Universitaire d'aide psychologique

98 Bd de Sébastopol— 75003 — Paris
Tél : 01 77 32 10 64 Fax : 01 77 32 10 65

Georges Devereux
(
1908-1985) Anthropologue, psychanalyste, helléniste, fondateur de
l'ethnopsychiatrie

 

   
Un diplôme universitaire: le nouveau DESU 2006 : pratiques cliniques avec les migrants et leurs enfants
La nouvelle formation en ethnopsychiatrie en 2005/2006 : ethnopsychiatrie
des nouveaux désordres psychosociaux
Une nouvelle formation du Centre Georges Devereux en 2005 : Application de la méthodologie ethnopsychiatrique aux interventions Socio-éducatives, juridiques, psychologiques et médicales
un enseignement en ligne sur les Objets actifs: objets animés
   
présentation DU CENTRE GEORGES DEVEREUX
La clinique
 
Le Centre Georges Devereux a débuté ses activités le 1er janvier 1993.
 

Le Centre Universitaire d'Aide Psychologique aux familles migrantes est: une unité universitaire de clinique psychologique. Emanation de l'UFR Psychologie, Pratiques cliniques et sociales de l’Université de Paris VIII, ce centre est la première unité universitaire de clinique psychologique en France.Il s'est structuré autour de quatre grands objectifs :

l'innovation technique en psychologie clinique,
la création d'une véritable dynamique de recherche,
la constitution d'une unité d'enseignement clinique en Psychologie et
l'organisation d'un pôle de formation.

1. La psychologie clinique

En France, la recherche universitaire en Psychologie Clinique souffre, en règle générale, d'un grave déficit du fait:

  • de son inadaptation aux problèmes concrets des populations en souffrance
  • de l'absence de structures universitaires telles qu'elles existent dans de nombreux pays – cliniques psychologiques universitaires qui sont les véritables laboratoires de recherche en psychologie clinique.
De telles structures permettent en effet de réunir en un même lieu – et donc d'entraîner dans une même dynamique de pensée – enseignants, chercheurs, doctorants et étudiants.L'UFR Psychologie, Pratiques cliniques et sociales de l'Université de Paris VIII a entrepris;
  • de proposer une prise en charge spécifique et efficace aux familles migrantes en difficulté psychologique.
  • de développer des recherches cliniques de qualité en psychologie et en psychopathologie transculturelle (ethnopsychiatrie).
  • Aujourd'hui, le centre a élargi ses champs cliniques, ses domaines d'interventions ainsi que ses terrains de recherche, comme en témoigne le rapport d'activité 1999. Des prises en charges spécifiques et des recherches cliniques ont aussi été mises en place pour des groupes ou des populations spécifiques (Sida, obésité, boulimie, infertilité, transsexualité, accueil et accompagnement psychologique des "sortants de sectes"…).

2. Le dispositif clinique

Une séance d'ethnopsychiatrie se déroule de la manière suivante : autour d'une famille, conduite au Centre Georges Devereux par l'un de ses référents institutionnels (assistante sociale, psychologue, médecin), se réunissent une dizaine de professionnels (en général psychologues cliniciens, mais aussi, médecins, psychiatres, anthropologues, linguistes). Parmi ces professionnels, au moins l'un d'entre eux parle la langue maternelle de la famille et connaît, pour les avoir plus particulièrement étudiées, les habitudes thérapeutiques ayant cours dans l'environnement habituel de la famille. Les autres, souvent spécialistes d'autres régions, sont tout de même sensibilisés à l'importance des traditions thérapeutiques locales. Le référent qui a conduit la famille parle d'abord, explique ce qu'il attend de cette consultation, expose ce qui, à son sens, constitue les difficultés, les souffrances — bref, la problématique de la famille. Particulièrement intéressés par les phénomènes de traduction, nous favorisons l'expression dans la langue maternelle. La multitude d'intervenants permet l'expression d'une multiplicité d'interprétations du désordre. Une séance d'ethnopsychiatrie peut durer trois heures ou même davantage ; il est rare qu'elle dure moins de deux heures.Là, les familles migrantes sont reçues gratuitement, deux à trois heures durant ; dix professionnels diplômés s’occupent activement des problèmes d’une même famille. Les conséquences cliniques d'un tel dispositif sont de briser la répartition habituelle des expertises qui sont en règle générale : au patient la connaissance du développement singulier de son mal, au thérapeute celle de la maladie et des traitements. Dans une séance d'ethnopsychiatrie, nous voyons se multiplier les statuts d'experts — expert clinique, certes, mais aussi expert de la langue, expert des coutumes, expert des systèmes thérapeutiques locaux de la région du patient, expert des systèmes thérapeutiques d'autres régions, expert de la souffrance singulière. Voyant se déployer une multitude d'interprétations de leur mal, ce sont les patients qui développeront tel ou tel aspect en rebondissant sur l'une ou l'autre des propositions. De plus, nous cherchons à démonter (à déconstruire) avec le patient les théories qui ont toujours été à l'origine des propositions thérapeutiques qui lui ont été proposées par le passé. Lorsque nous parvenons à organiser la séance selon nos principes de travail, le patient perd d'un coup, et réellement, sa position d'objet, d'être sans consistance qu'il faut traverser jusqu'à apercevoir les éléments qui nous intéressent en lui. Plus question de lui attribuer une nature par un diagnostic puis " d'interpréter " son fonctionnement à partir d'une théorie. Il est de fait partenaire obligé, indispensable alter ego d'une recherche entreprise en commun. L'ethnopsychiatrie a pris l'habitude de repenser avec le patient tant sa souffrance singulière — ce que font habituellement, chacune à sa manière, les thérapies par la parole — que les théories qui ont contenu cette souffrance, qui l'ont, d'après nous, construite, élaborée. Généraliser la logique de l'ethnopsychiatrie à tout patient, quelle que soit son origine, amènerait à ne jamais hésiter à le penser " construit " comme " cas " ; à postuler, surtout, que cette fabrication le concerne et l'intéresse — en un mot : que le patient est l'interlocuteur privilégié de ce que la théorie du clinicien pense de lui.Nous pensons surtout que cette façon de pratiquer est non seulement plus efficace — et par ailleurs plus conforme aux principes démocratiques — mais surtout qu'elle transforme le patient en être potentiellement récalcitrant, permettant peut-être de donner naissance à ceux qui pourront réfuter les discours des thérapeutes.Exemple : après avoir soigné avec succès un enfant zaïrois de 8 ans qui prétendait lui-même être un " sorcier cannibale ", ses parents nous ont accusés ainsi : " pour l'instant, vous avez permis qu'il ne parle plus de sorcellerie. Mais nous, nous sommes encore plus inquiets qu'avant. Peut-être votre travail lui a-t-il permis de dissimuler ses activités sorcières. Serez-vous encore là lorsqu'à 18 ans, il se mettra à nous ensorceler sans que l'on s'en rende même compte. Chez nous, le guérisseur lui aurait définitivement fait vomir sa sorcellerie… " Les parents nous comparaient, par conséquent, aux praticiens auxquels ils auraient sans doute soumis les difficultés de l'enfant s'ils étaient restés au Zaïre. Plus même, ils évaluaient les conséquences pour eux, à plus ou moins long terme, de leur inclusion dans les réseaux thérapeutiques français. Cette possibilité de comparer, d'évaluer, de choisir, offerte ainsi aux patients migrants provient du fait qu'étant membres d'un collectif perceptible (la communauté zaïroise en France), ils en connaissent les représentants pour ainsi dire " naturels " (leurs guérisseurs).L'ethnopsychiatrie, riche de son expérience avec les patients migrants, a progressivement mis au point une autre construction de la scène psychothérapique, plus éloignée du confessionnal catholique et tendant de plus en plus à ressembler à un parlement — mais un parlement où les intérêts des hommes ne seraient pas seuls représentés ; un parlement dans lequel on défendrait aussi les intérêts des " choses " ; également les intérêts des dieux. Il me semble par conséquent que l'ethnopsychiatrie qui se pratique au Centre Georges Devereux n'a pas seulement des ambitions scientifiques, elle a aussi la prétention de proposer un espace psychothérapique contradictoire, pluri-référencé. De ce point de vue, elle constitue également une expérience politique ....

  L'équipe de cliniciens du Centre Georges Devereux
 

3. La création d'une véritable dynamique de recherche en psychologie clinique

Considérant que les recherches en psychologie clinique s'appuient souvent sur des bases logiques difficiles à soutenir du fait que les cliniciens sont eux-mêmes affiliés à la théorie censée rendre compte du processus qu'ils mettent en œuvre, les cliniciens et universitaires du centre ont tenté d'apporter de nouvelles propositions théoriques et techniques.Ils ont proposé de partir :

 
 
  • de l'analyse la plus fine possible des techniques réelles des acteurs – qu'ils soient psychiatres, psychologues, travailleurs sociaux, mais aussi guérisseurs, prêtres ou "gourous" et non de la description, toujours arbitraire d'entités hypothétiques telles que… "maladies mentales", "structures psychiques", etc.
  • De telles recherches, commencent donc par se mettre à l'école des acteurs réels de la "santé psychique" pour ensuite éventuellement remonter vers la théorie de ces techniques avant d'en faire découler les modèles de fonctionnement – et non procéder à l'inverse.
  • Il a semblé que cette manière de faire était la seule qui n'imposait pas le lit de Procuste des généralisations occidentales à l'infinie diversité des étiologies et techniques thérapeutiques "traditionnelles".
  • Partant de ces prémisses méthodologiques claires, il a été dès lors possible de constituer une unité de recherche de haut niveau en ethnopsychiatrie.Le Centre Universitaire d'Aide Psychologique constitue donc
  • un lieu de recherche sur la spécificité des souffrances psychologiques des populations migrantes et des populations spécifiques et sur leur prise en charge.
  • un lieu de réflexion sur les modèles théoriques habituellement proposés en psychopathologie et en psychologie clinique.
  • un lieu de regroupement et de diffusion des connaissances en ethnopsychiatrie et en psychopathologie transculturelle.
 

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