Tobie Nathan


Baubô

Mis à jour le jeudi 1 juillet, 2010 12:35

Cette statuette, devenue un véritable fétiche pour Georges Devereux dans la dernière période de sa vie et de son œuvre (Voir Georges Devereux, Baubo, la vulve mythique) est compréhensible à partir de l'épisode mythique où Déméter, endeuillée par la perte de sa fille, se rend à Eleusis. Là, elle y est accueillie par une certaine Baubô qui parvient par un "certain comportement" à tirer la déesse de son deuil. Dans la version imaginée par Salomon Reinach en 1912, Baubô, relevant subitement sa robe se livre à une sorte de danse du ventre. Sur le ventre de Baubô, un visage est peint; les mouvements de la danseuse animent le visage de rires et de grimaces. C'est ainsi, d'après S. Reinach que Baubô serait parvenue à faire rire Déméter. Cette statuette provient des fouilles effectuées par une équipe d'archéologues allemands à Priène en 1898.

une grosse tête est posée sans corps sur une paire de jambes. Le visage s'inscrit là où devrait être le corps : les yeux en place des seins, la bouche juste au dessus de l'inscription visible d'un sexe féminin. Là où l'on s'attendrait à trouver des oreilles surgissent les bras. La chevelure abondante encadre un ventre-visage. Tantôt, la statuette tient une torche, tantôt une lyre, tantôt une corbeille de fruits posée sur le sommet de sa chevelure

Dans les restes d'un temple dédié à Déméter datant du ivè siècle av. J.C., les archéologues avaient découvert un lot de statuettes à l'aspect étrange. L'histoire tant de leur découverte que de la difficulté de leur identification est singulière.

Ces statuettes présentent un aspect étrange :une grosse tête est posée sans corps sur une paire de jambes. Le visage s'inscrit là où devrait être le corps :

les yeux en place des seins, la bouche juste au dessus de l'inscription visible d'un sexe féminin. Là où l'on s'attendrait à trouver des oreilles surgissent les bras. La chevelure abondante encadre un ventre-visage. Tantôt, la statuette tient une torche, tantôt une lyre, tantôt une corbeille de fruits posée sur le sommet de sa chevelure
(Olender, 1985). En 1898, on ne sait pas encore leur attribuer de nom. C'est en 1901 qu'Herman Diels, dans son édition des fragments d'Empédocle se trouve en présence d'un mot qu'il ne parvient pas à définir précisément : Baubô.

Baubô
, nom attribué à la nourrice de Déméter à Eleusis dans certaines sources antiques est également employé comme nom commun, pour désigner la cavité féminine. C'est à la conjonction de ces deux séries de faits qu'Herman Diels propose de nommer Baubô les figurines de Priène. Et c'est finalement en 1912 que Salomon Reinach se livrera à une nouvelle synthèse des données et proposera de considérer ces figurines comme une évocation symbolique d'un rituel faisant partie du culte de Déméter :une sorte de danse du ventre. Ainsi, les archéologues allemands se trouvent-ils d'abord en possession d'une figuration et cherchent ensuite à lui attribuer un nom. Puis, les archéologues luttent contre leur perplexité face à l'image en recherchant et en finissant par proposer une dénomination. …

Une lecture détaillée des sources antiques indique que la plupart des auteurs, mais surtout Homère, insistent avec une grande précision clinique sur l'état dépressif de Déméter.

Homère


Les Grecs anciens semblent avoir eu de Déméter l'image d'une mère "exclusivement tournée vers sa fille" (Détienne (1972), p. 158). Quel pouvait être le lien entre ces deux femmes abîmées dans une contemplation mutuelle et identificatoire? Un jour, Perséphone jouant avec les jeunes océanides, s'éloigna de sa mère. Les jeunes filles cueillaient des fleurs miraculeuses que la terre laissait surgir devant leurs yeux. Ces magnifiques iris, jacinthes et narcisses ne sont que le premier piège visuel d'un récit qui contient toute une série d'images illusoires : tantôt leurres, tantôt visions restructurantes. Zeus avait en effet accordé en secret la main de Perséphone à son frère Hadès, roi des enfers. L'extraordinaire beauté des fleurs n'était qu'une diversion détournant l'attention de Perséphone d'une autre apparition chtonienne. La terre nysienne s'ouvrit aussi pour laisser passage au char d'Aïdoneus (Hadès) qui kidnappa la jeune-fille et l'entraîna dans les profondeurs du monde des morts. Perséphone tenta d'appeler à l'aide son père Zeus. Elle poussa un long cri qui rebondit sur les monts et les gouffres des mers
  (Hymne à Déméter, 1-40). Sa mère, entendant le hurlement de frayeur comprit immédiatement qu'un malheur venait de frapper sa fille. Avant même d'en connaître la nature, la tristesse et l'angoisse s'emparèrent de son cœur (Thymoï ).


Homère

Déchirante, la douleur s'empara de son cœur; de ses mains elle arracha ses deux bandeaux sur sa chevelure divine, jeta sur ses épaules un voile sombre et s'élança comme un oiseau, par les terres et les mers à sa recherche. (Hymne à Déméter, 40-45)

Durant neuf (!) jours, elle parcourut la terre en tous sens. La dépression commençait à l'envahir. Elle devint anorexique (
Dans sa douleur, elle ne goûta point à l'ambroisie ni au doux breuvage du nectar " [48-49]) et commença à déprécier son propre corps (...et ne plongea pas son corps dans un bain " [49-50]). Mais c'est lorsqu'elle apprit la vérité par les révélations d'Hécate et d'Helios que commença la véritable souffrance dépressive : Alors un chagrin plus cruel, plus sauvage s'empara du cœur de la déesse " (90-91). Le rabaissement, signe habituel d'auto-reproches conscients et/ou inconscients, commencé par le refus du bain se fit plus aigu : Pendant longtemps, elle sut dérober sa beauté " (94). Pire même, elle décida de se mêler aux mortels. Son apparence avait dû bien changer entretemps : le visage défait, le corps rétracté, elle semblait une vieille femme, portant la tête basse, le regard éteint, fatigué.
Elle s'assit près du chemin... " (98) Elle était dans l'ombre ... et ressemblait à une vieille femme que son grand âge prive du pouvoir d'enfanter et des dons d'Aphrodite. " (99-102).

Arrivons maintenant à la scène d'exhibition de Baubô-Iambe. Dans son errance terrestre, Déméter parvint au bourg d'Eleusis. Là, trois jeunes filles, frappées de la noblesse de son port, perceptible en dépit du rabaissement dépressif, lui proposèrent d'être la nourrice de leur jeune frère. Elles la conduisirent à la demeure de leur père où la divine mère exhiba sa dépression de manière plus manifeste encore. Mutique, elle fixait le sol, refusant de s'asseoir sur le siège étincelant offert par la maîtresse du lieu. Finalement, elle accepta le siège rustique présenté par la servante Iambe. Mais, accaparée par sa tristesse, elle n'accordait aucune attention aux paroles et aux mouvements des habitants de la demeure :
Elle restait silencieuse, et fixait à terre son beau regard ... elle y prit place et, de sa main, ramena le voile sur son visage; pendant longtemps elle resta sur ce siège, muette de douleur , sans s'occuper de personne en paroles ni en actes. Sans sourire, sans prendre de nourriture ni de boisson, elle restait assise et se consumait en regrets de la perte de sa fille... " (194-201)

Force nous est de constater combien le poète se montre précis et détaillé dans la description de l'état dépressif de la mère. Les traits décrits signent sans ambiguité le tableau clinique : anorexie, rabaissement du corps propre, présence probable d'auto-reproches de n’avoir pas suffisamment surveillé sa fille, retrait confinant à la perplexité, mutisme, faciès de souffrance, souffrance morale.

C'est à la suite de cette description que se situe l'évocation d'un certain comportement de la servante Iambe qui va déclencher une inversion de l'humeur de Déméter. Homère, lui, est assez évasif quant à ce geste:

Jusqu'au moment où à force de saillies et de railleries , la diligente Iambe amena la sainte souveraine à sourire, puis à rire, et à prendre une humeur favorable. " (202-204).
Euripide


Euripide

De quels ressorts secrets dispose donc Iambe, la servante pour réussir à tirer Déméter de sa profonde dépression? Avec Homère, nous savons seulement qu'il s'agit de plaisanteries obscènes (Polla paraskoptousa [Olender (1985), , p. 11]) et que l'étymologie des mots désignant ces plaisanteries dénote leur parenté avec le regard et la vue [Devereux (1983), p. 37]
Euripide, dans son Hélène , attribue à la seule musique d'Aphrodite la guérison de Déméter :

 

Quand elle eut mis fin aux festins

pour les dieux comme pour les hommes

Zeus voulut adoucir son funeste courroux.

le deuil de la déesse pour sa fille perdue,

et vous muses, par vos chœurs et vos chants."

Cypris alors, la plus belle des bienheureuses,

fit résonner pour la première fois

le bronze grondant et le rhombe tendu de cuir.

Charmée par le cri rituel,

la déesse rit et tendit les mains
à la flûte sonore. " (1336-1350)

Clément d'Alexandrie
Mais Clément d'Alexandrie, un père de l'Eglise, donne une version beaucoup plus crue des événements. S'il s'en fait le porte-parole, c'est naturellement pour déconsidérer la religion païenne et faire prévaloir par contraste la pureté du christianisme. Sa version présente cependant le plus grand intérêt car elle comble certaines lacunes des versions précédentes:
"Voulez-vous que je vous raconte aussi la cueillette des fleurs par Phéréphatta (Perséphone), sa corbeille, le rapt accompli par Aïdoneus, la déchirure de la terre, les pourceaux d'Eubouleus engouffrés avec les deux déesses - ce pourquoi aux thesmophories, on jette dans les "Megara" des porcelets?… " (Protreptique , II, 17, 1)
Notons que Clément relie immédiatement le récit mythique au rituel des thesmophories et à ses mystères destinés à favoriser la fertilité du sol [Détienne et Vernant (1979)]. D'un côté le mythe, et de l'autre, son symétrique, l'activité rituelle ou magique ". Dans la version de Clément, c'est aussi dans le bourg d'Eleusis que parvient Déméter endeuillée. Les habitants étaient alors des autochtones (étymologiquement : " nés de la terre "). Baubô qui, dans ce récit est la personne qui parviendra à dérider la déesse est la propre femme du maître de maison qui se nomme Dysaulès :
Baubô qui avait accueilli Déo (Déméter), lui offre du Cyceon; mais celle-ci dédaigne de le prendre et refuse de boire, plongée qu'elle était dans son deuil; très chagrinée, Baubô se croit méprisée et, découvrant ses parties, elle les montre à la déesse. A cette vue, Déo, toute réjouie, accepte enfin, mais non sans peine, le breuvage, enchantée qu'elle avait été du spectacle " Clément d’Alexandrie, Protreptique, II, 20, 3
Le personnage aux vertus thérapeutiques a donc changé de nom et de comportement. Iambe, l'humble servante aux manières rustiques, la vieille bavarde, la montagnagrde inculte se contente de proférer des injures ou des plaisanteries obscènes alors que Baubô, l'autochtone, dans un geste apparemment magique – en tout cas aux vertus thérapeutiques – découvre son pubis et l'exhibe à la déesse. Et Clément d'Alexandrie de s'offenser : " Voila bien les mystères secrets des Athéniens! " Mais il y a plus encore : Clément reprend ensuite les vers d'un poème orphique encore plus explicites :
Ayant ainsi parlé, Baubô retroussa son péplos pour montrer de son corps tout ce qu'il y avait d'obscène; le jeune Iacchos, qui était là, tout en riant, agitait la main sous le sein de Baubô; la déesse alors sourit, sourit dans son cœur; elle accepta la coupe aux reflets bigarrés où se trouvait le cycéon. "

et Clément de commenter encore
:
Beaux spectacles et qui conviennent à des déesses! " Protreptique , II, 21, 1-2

Voila d'utiles précisions certes, mais le problème clinique reste entier : pourquoi le spectacle du sexe d'une vieille nourrice parvient-il à modifier l'humeur de Déméter? Quelle est d'ailleurs exactement la scène présentée à la déesse?

Le poème orphique apporte un supplément d'information : la présence du jeune Iacchos sous le sein (Kolpos) de Baubô. La discussion, assez convaincante de G. Devereux (1983) sur laquelle je ne reviendrai pas ici, conduit à l'idée que le petit enfant, dans le sein de Baubô, sort la tête en riant et agite quelque chose (peut-être même le clitoris de la nourrice) avec la main. Cette version me parait d'autant plus vraisemblable que j'ai pu voir plusieurs statuettes de divinités mexicaines de type Ixcuica , mère originelle aztèque, représentant une femme accroupie, au visage marqué par l'effort. Les yeux sont grands; la bouche entrouverte laisse voir très distinctement des dents bien dessinées, le plus souvent pointues. De nos jours, ces statuettes sont encore utilisées au Mexique dans un but thérapeutique. Elles ne peuvent cependant servir qu'une seule fois, démontrant par cette dernière caractéristique que leur est associée une notion de nouvelle naissance ".

Ces constatations ne doivent cependant pas clore la discussion. Trois types de commentaires ont pu être soutenus au sujet du passage du poème orphique rapporté par Clément.

Une interprétation rituelle se rattachant aux mystères de Dionysos. Iacchos, autre nom de Dionysos, serait le fruit de l'accouplement de Perséphone et de son père Zeus métamorphosé en serpent. Clément, dans le paragraphe qui précède l'épisode eleusinien rapporte ainsi cette légende :

... le voila lui, Zeus, père et corrupteur de la jeune-fille; il s'unit à elle transformé en dragon... en tous cas, dans les mystères de Sabazios (Dionysos), le mot symbolique pour ceux qu'on initie est "le dieu qui passe par le sein" : c'est un serpent qu'on fait passer par leur sein, témoignage de l'inconduite de Zeus. " Protreptique , II, 16, 1-2

 

 

Ovide

Le serpent-Zeus doit être alors considéré comme le vagin vivant de la femme, du concave représenté par du convexe. Ainsi, le sexe de la femme, caressé, et pour tout dire, ressenti de l'intérieur, trouve-t-il une heureuse représentation dans le rituel du serpent. Iacchos serait alors le nom donné à cette sensation secrète, non représentable, car, à la différence de l'excitation virile, toujours cachée au regard. Dans cette perspective, Iacchos serait à la femme ce que Phallos est à l'homme : la visualisation de l'excitation. Lorsque Baubô laisse passer le visage rieur de Iacchos, elle dit à Déméter des paroles on ne peut plus consolantes, surtout en état de deuil…

Une interprétation philologique. Iacchos serait tout simplement le nom du sexe féminin. Baubô montrerait l'intérieur de son sexe mais, dans un même mouvement, niant l'impossibilité d'une telle représentation, en proposerait une métonymie sous la forme de son contenant : l'enfant (G. Devereux, 1983).

Une interprétation syncrétique. Salomon Reinach (1912), puis Ch. Picard (1927) ont condensé la version de Clément et la version musicale d'Euripide (musique d'Aphrodite) en une sorte de danse du ventre " à laquelle Baubô se serait livrée devant Déméter. Les manipulations de Iacchos deviennent alors manipulations rythmiques de Baubô sur un visage d'enfant dessiné sur son ventre l'animant d'expressions de rire et de grimaces. C'est de cette version que s'inspirera Freud dans son texte de 1916.

D'autres pères de l'Eglise (Arnobius, Eusèbe) reprennent une version quasiment identique à celle de Clément d'Alexandrie (Olender, 1985).

Antoninus Liberalis (Métamorphoses , XXIV), relate l'histoire d'Ascalabos, fils de l'hôtesse de Déméter qui, dans ce récit, est Mismé, la propre fille de Baubô. Ici, la déesse, la bouche desséchée par la chaleur, demande à boire. Mismé lui offre le Cycéon. A la vue de Déméter assoiffée engloutissant le breuvage rituel, Ascalabos, le jeune enfant, éclate de rire. Irritée, la déesse lui jette au visage le reste de sa boisson. Ascalabos est alors transformé en gecko (lézard) au corps moucheté, désormais objet de haine pour les hommes.

 

 


Ovide

La symétrie de ce récit avec les précédents saute aux yeux :

Déméter, assoiffée, ne refuse pas la boisson mais au contraire la réclame. L'avidité de Déméter, symétrique de son refus et de son mutisme dans les versions précédentes, déclenche le rire de l'enfant. Ici, ce n'est pas la déesse mais son vis à vis qui éclate de rire. C'est donc l'interlocuteur de Déméter qui, cette fois, rit à la vue d'un certain spectacle. Mais qu'a-t-il vu? Un indice nous laisse supposer la nature de sa vision : nous connaissons d'autres exemples de la sanction divine qu'il subit. Il est en effet transformé en animal moucheté; les ocelles (yeux) étant les marques à jamais inscrites sur sa peau des gouttelettes rageuses de la déesse. Or, le déroulement de cette métamorphose est identique à celle d'Actéon (Ovide, Les métamorphoses , III, 191; P. Klossowski [1956], J. Broustra [1984] et supra, chap. 2), transformé en cerf pour avoir surpris une déesse au bain (Artémis). Il reçoit d'abord les gouttes d'eau projetées par la déesse qui s'inscrivent sur sa fourrure désormais tachetée. Actéon a surpris la nudité de la déesse : euphémisme évident pour désigner ses parties sexuelles. Notons que dans ce récit, tout comme dans celui d'Ascalabos, il existe une subtile dialectique du regard puisque le regard transgressif vient s'inscrire sur la peau du coupable sous forme d'yeux sauvages : d'ocelles. Notons enfin que le gecko est un animal tout à fait inoffensif et qu'encore aujourd'hui, au Moyen-Orient, on l'accepte dans les maisons, tout comme le caméléon en Afrique, à cause de sa grande capacité insecticide. Pourquoi alors Antoninus Liberalis prétend-il que le gecko devient objet de haine pour les hommes? A cause, il me semble d'une caractéristique très frappante de cet animal : des sortes de lamelles qu'il porte sur la face inférieure de ses mains " et qui lui permettent d'adhérer, comme une ventouse, à tous les supports, y compris les plus lisses. Le gecko est donc la représentation animale de l'agrippement au support.

Dans une version presqu'identique, Ovide ajoute certains détails. Ici, la déesse, assoiffée par la chaleur frappe à la porte d'une modeste cabane au toit couvert de chaume. Tout comme chez Antoninus Liberalis, le fils de l'hôtesse se moque de son avidité et la déesse l'éclabousse puis le métamorphose. Cependant, Ovide se montre plus disert sur les conséquences du mouvement d'humeur de Déméter :

 "(Le reste du liquide mélangé à de la farine d'orge) pénètre dans les pores du visage qui se couvre de tâches. L'enfant, un instant avant pourvu de bras, maintenant l'est de pattes; à ses membres transformés s'ajoute une queue; son corps est ramené à des proportions réduites pour qu'il n'ait pas la possibilité de nuire et, dans sa taille amoindrie ce n'est plus qu'un lézard. Comme la vieille femme surprise et éplorée s'apprête à toucher l'animal né du prodige, il la fuit et gagne une cachette. " Métamorphoses , V, 443-461

Le célèbre tableau de Magritte sur le thème de Baubô…
 
Amulette, probablement apotropaïque de type "baubô", originaire de Smyrne

Autant dire que la déesse voyant l'enfant contempler son sexe et pensant qu'il en est le virtuel contenu, l'utilise tel un miroir.

Qu’est ce donc que le sexe de Baubô sinon un miroir permettant d’inverser l’humeur. Triste, endeuillé, on s’y regarde et l’on s’y voit d’abord souriant, puis joyeux, et même riant aux éclats…

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Tabouret du même type que les statuettes "Baubô", actuels au Congo (Luba)

Biblio

Détienne M. et Vernant J.P.

1974 - Les ruses de l'intelligence. La Métis des Grecs . Paris, Flammarion, 1979.

1979 - La cuisine du sacrifice en pays grec . Paris, Gallimard

Devereux G. 1983 Baubô, la vulve mythique . Paris, J. C. Godefroy

Reinach S., 1912 - Cultes, mythes et religions . Paris.

Olender M., 1985 - "Aspects de Baubô. Textes et contextes antiques". Revue de l'histoire des religions , CCII, 1, 3-55


Sheila Na Gig
statuette de fertilité (Ecosse)

Ce texte est repris d'une partie du chapitre 3 du livre de Tobie Nathan: Psychanalyse païenne. En édition de poche chez Odile Jacob à Paris.

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