Service de la formation permanente de l'Université Paris 8.

DESU
PRATIQUES CLINIQUES AVEC LES FAMILLES MIGRANTES
INTERVENTIONS ET PREVENTIONS


 

 

Nouveau programme 2004


 

 

 

 

Equipe pédagogique : Centre Georges Devereux, Université Paris 8, 2 rue de la Liberté, 93200 Saint-Denis. Tel : 01 49 40 68 51. Email : webmester@ethnopsychiatrie.net

Administration : Service de la Formation Permanente, Université Paris 8, 2 rue de la Liberté, 93200 Saint-Denis. Tel : 01 49 40 68 65 57. Email : info-sp@univ-paris8.fr

 

Formation destinée à des professionnels, délivrant des connaissances de haut niveau dans les domaines de la psychologie, de la psychopathologie, de l'anthropologie, de la linguistique, du droit, des études pédagogiques — toutes connaissances nécessaires au travail clinique avec les familles migrantes. Niveau BAC + 4.


Responsable scientifique : Tobie NATHAN, Professeur de psychologie clinique et pathologique, Université Paris VIII


Coordination pédagogique : Viviane ROMANA Psychologue clinicienne, chargée d'enseignement à l'IED, Université Paris VIII.


Formation réalisée en partenariat avec le Centre Georges Devereux , Centre Universitaire d'aide psychologique. UFR Psychologie, Pratiques cliniques et Sociales.



Objectifs :

Les intervenants sociaux, médicaux, judiciaires, éducatifs, pédagogiques, ont de plus en plus souvent affaire à des familles migrantes, originaires d'Afrique du Nord, d'Afrique subsaharienne, des Antilles, d'Asie du Sud-Est, d'Europe de l'Est…
Les outils à leur disposition s'avèrent souvent inefficaces, en tous cas insuffisants. Cette formation s'est donnée pour but de mettre à leur disposition les connaissances théoriques et pratiques, issues de l'ethnopsychiatrie, de la psychiatrie transculturelle, de l'anthropologie médicale, qui leur permettront d'approfondir les questions qu'ils se posent et de ce fait d'améliorer leurs pratiques professionnelles.

Cette formation associe des enseignements théoriques sous forme de cours et de séminaires à un enseignement technique sous forme de stages dans le cadre de groupes de consultation ethnopsychiatrique au Centre Georges Devereux. L'objectif de cette formation est d'introduire les stagiaires aux réflexions actuelles sur la migration et sur ses conséquences, tant individuelles que familiales, de les entraîner à élaborer des pensées complexes, à imaginer des dispositifs techniques originaux dans le champ de leur profession — dispositifs qui sauront prendre en compte la spécificité des familles migrantes qu'ils ont en charge. À l'issue de cette formation, ils devront savoir évaluer l'expérience de la migration et son impact sur les personnes ; ils devront également se sentir familiers des pensées, des interprétations et des dispositifs de soins provenant de la culture d'origine des familles.


Public concerné :

Cette formation s'adresse à tout professionnel [du champ médical, psychologique, socio-éducatif, juridique, etc.] concerné par les difficultés rencontrées par les familles migrantes.


Informations générales


• Date de la formation : du 19 janvier au décembre 2004

• Durée totale : 473 heures
La formation représente 6 jours de présence par mois durant une année
- Enseignement théorique : 308 heures. (Soit deux modules).
- Enseignement pratique : 165 heures

Un programme détaillé sera remis au stagiaire en début de formation.


Nombre de stagiaires : 20


Lieux du stage : Dans les locaux de l'Université et au Centre Georges Devereux , à l'Université de Paris 8, Saint-Denis.


Critères d'admission : Niveau licence (Bac + 3) et/ou 5 années de pratique professionnelle dont au moins deux avec des populations migrantes.
Entretien préliminaire d'admission avec un membre de l'équipe pédagogique du diplôme.


Coût de la formation : 4500,00 Euros

 

Programme

ENSEIGNEMENT THÉORIQUE – 308 heures


Module 1 - Psychothérapie des migrants et de leurs enfants (6 sessions , 168 heures)


A - Arguments pour une prise en charge thérapeutique spécifique
- Théories psychologiques sur les migrants et sur la migration. Problèmes posés par l'application des techniques psychothérapiques aux populations migrantes. Thérapeutiques spécifiques ou "adaptées". Questions générales sur "psychiatrie et culture".
- Histoire de l’ethnopsychiatrie et des champs limitrophes : Psychiatrie transculturelle, psychiatrie comparée, anthropologie médicale, ethnopsychanalyse, ethnopsychologie.
- Les concepts de l’ethnopsychiatrie et leurs applications. Les obligations méthodologiques générées par un tel domaine. Les questions actuelles posées par l'ethnopsychiatrie. Les enjeux actuels autour de l'ethnopsychiatrie : enjeux théoriques, institutionnels et politiques.
- Le dispositif technique de la cure en ethnopsychiatrie. Problèmes posés par : la langue, le groupe de thérapeutes, le maniement des étiologies traditionnelles, le maniement des objets thérapeutiques.
- La médiation ethnoclinique. L'importance de la langue dans l'accueil des populations migrantes. Traduction et/ou médiation. Une théorie générale de la médiation. Le dispositif technique de la médiation.

B - Intelligence des systèmes thérapeutiques non-occidentaux. Thérapeutiques "culturelles". Thérapeutiques religieuses.
- Analyse des systèmes thérapeutiques les plus représentés dans la migration, en France. Mise en évidence de leur rationalité propre et de leur caractère nécessaire pour les familles qui y ont recours. Comparaison de toutes ces modalités thérapeutiques avec des modalités thérapeutiques européennes, en France, en Europe de l'Est, en Europe du Sud. Diableries et malédictions. Sorcelleries. Envoûtements.
- Systèmes de sorcellerie : Afrique de l’Ouest, Afrique centrale, mondes créoles, France, Europe de l'Est et du Sud, etc.
- Rituels de possession. Très répandues dans l'aire culturelle africaine (Afrique du Sud, Congo, Ethiopie, Kenya, Maroc, Niger, Sénégal, Zaïre, pour ne citer que les textes célèbres, on les retrouve également dans les "Amériques noires" (Brésil, Haïti, Cuba). Sous le nom de rituels de possession, on décrit généralement des cérémonies tenant de la religion, de la fête musicale et des séances collectives de thérapie au cours desquelles le corps du patient, ainsi que celui de certains assistants et d'auxiliaires du thérapeute, en état de transe, adoptent le comportement, le vêtement, la parole et la voix d'invisibles non-humains tels que divinités, esprits, démons ou ancêtres.
- Systèmes thérapeutiques religieux :
- Confréries maraboutiques – très répandues au Maghreb et dans certains pays d’Afrique de l’ouest, ces confréries offrent à la fois une initiation religieuse et différents niveaux de thérapie.
- Groupes de prière d'inspiration chrétienne – particulièrement nombreux dans les anciennes colonies fortement christianisées (Afrique, Amérique du Sud, Iles de l’Atlantique, du Pacifique et de l’Océan indien), mais aussi dans les banlieues des grandes métropoles, y compris à Paris, ces groupes offrent, tout comme les confréries maraboutiques, une initiation religieuse et différents niveaux de thérapie.
- Thérapeutiques juives : essentiellement l'art de l'amulette pour la protection et pour la guérison. Rapport entre les thérapeutiques traditionnelles juives et les thérapeutiques coranniques.
- Le chamanisme – plutôt répandu dans l'aire culturelle asiatique, le modèle chamanique est remarquable par son homogénéité, découlant probablement de millénaires de pratique. On retrouve le même type de mécanismes dans des régions très éloignées l’une de l’autre, telles que l'Australie aborigène, l'Amérique du Nord et du Sud, l'Asie centrale, la Sibérie, l'Europe du Nord et de l'Est et l'Afrique du Sud (en pays Boshiman). Durant le rituel thérapeutique proprement dit, le chaman, en transe, entreprend un voyage, dans le monde des esprits pour affronter les puissances à l'origine de la maladie. C'est ainsi que tous les chamans possèdent la singulière capacité (résultant d'un long apprentissage durant l'initiation) d'entrer en transe, de sombrer dans un coma pouvant durer plusieurs jours, de se dédoubler, etc.
- Logiques thérapeutiques et pathologiques autour de l’enfant
Nous attirerons l'attention sur une singularité de certains désordres présentés par les enfants de certaines communautés d'origine africaine. Les pathologies infantiles : enfant-sorcier, enfant-ancêtre, enfant-médium . Bien étrange que la place de ces enfants-sorciers, réputés nés avec la substance de sorcellerie. Il semble que ceux là constituent l'autre pôle extrême du système sorcier – "sorciers flottants", force ne s'étant pas encore mise au service d'une cause. Perçus comme particulièrement dangereux du fait de leur apparence innocente, leur action est indécelable. Une fois identifiés, ces enfants sont vigoureusement pris en charge. C’est souvent à ce moment qu'ils rencontrent les services médico-sociaux du pays d'accueil.

C – Mythes de fondation et rituels de fabrication des humains
Nous évoquerons les étiologies et les rituels centrés autour de la "fabrication culturelle des humains" et de leur métamorphose (initiations, mort). Nous ne manquerons pas de nous interroger sur les étiologies traditionnelles de la maladie impliquant les morts, sur les rituels entourant la mort, sur la possible utilisation de tels rituels dans la prise en charge des souffrances psychologiques, familiales ou de destinée. Nous soulignerons l'importance des mythes de fondation, en tant que "manuels thérapeutiques" condensés.

 

Module 2 - Les désordres psychologiques des migrants ; Leur perception et leur prise en charge médicale, psychologique, socio-éducative, juridique (5 sessions, 140 heures)


A - Enfants de migrants abusés et maltraités
Interrogation sur les modalités de prises en charge actuelles d’enfants de migrants reconnus " abusés " ou " maltraités ", que ces prises en charge soient d’ordre juridique, psychologique, médical ou éducatif. Nature et statut de ces enfants et de leurs agresseurs. Interprétations "traditionnelles" et "savantes" de ce type de désordre. Analyse de l'intrication de ces diverses interprétations.


B – Les migrants face aux institutions (l’école, la justice, la médecine)
- Questionnements sur une école confrontée à l’échec. Problèmes de désinsertion scolaire des enfants d’origine étrangère. Comment expliquer les difficultés d’apprentissage et d’intégration scolaire de ces jeunes. Comment corréler ces difficultés avec le refus ou l’impossibilité d’hériter des savoirs familiaux, claniques ou ancestraux, de parler la langue des origines, d’accepter l’autorité parentale? Tentatives spécifiques de prise en charge. Hypothèses et initiatives.
- Les adolescents dits " de seconde génération " se retrouvent souvent à la fois désinsérés de tout groupe institué – familial ou scolaire – et inclus dans des groupes marginaux, comportant des initiations violentes aux toxiques et/ou à la délinquance. Analyse de la fonction de ces groupes et de leur faillite au long cours. Quelle prise en charge judiciaire civile et/ou pénale pour ces jeunes ? Hypothèses et propositions.
- Comment optimiser le suivi médical d’un patient disposant pour expliquer sa maladie, d’une étiologie médicale découlant de l’intervention thérapeutique d'une équipe hospitalière et d’une étiologie culturelle, qui mobilise toutes ses pensées et le contraint à utiliser les ressources thérapeutiques des systèmes de soins de son groupe d'origine.
- Exemples de prises en charge qui s’avèrent difficiles pour les soignants :
névroses traumatiques des travailleurs immigrés ;
suivi de grossesses de femmes africaines et maghrébines ;
problèmes posés par les procréations médicalement assistées ;
problèmes posés par les diagnostics de maladies génétiques ;
- suivi de patients étrangers infectés par le VIH.

C - Le divorce chez les femmes migrantes. Devenir des systèmes de parenté dans la migration
Analyse des enjeux sociaux, psychologiques et communautaires qu’implique un tel acte dans les systèmes de parenté patrilinéaires et matrilinéaires. Etude des stratégies matrimoniales, de leurs ruptures et de leurs rattrapages en situation migratoire. Problèmes posés par les circulations d’alliances dans le groupe d'origine et dans la migration.


D – Les migrants victimes de traumatismes délibérément induits (tortures, violences collectives, guerres)
- Nous apporterons des éléments de compréhension sur :
- La nature des traumatismes vécus par les populations, victimes de tortures, de guerre et de violences collectives,
- L’intentionnalité des tortionnaires, leur fabrication, et les méthodes utilisées,
- Nous analyserons les conséquences cliniques des traumatismes délibérément induits et tenterons de comprendre leur transmission transgénérationnelle.
- Nous présenterons la spécificité de la prise en charge ethnopsychiatrique des victimes de traumatismes dans la migration, mais aussi dans les campagnes humanitaires.

E– Application des concepts et des méthodes de l’ethnopsychiatrie aux populations des sociétés industrielles avancées
À titre de comparaison, on abordera également des désordres nouveaux apparus dans les grandes métropoles occidentales — désordres présentant des similitudes avec ceux des populations migrantes : adhésion à des mouvements sectaires, toxicomanies, problèmes posés par le transsexualisme, obésité et boulimie… Nous verrons que les pathologies rencontrées dans les pays industrialisés sont aussi mobiles, aussi corrélées avec l'univers social que les pathologies rapportées avec elles par les populations migrantes.

 

ENSEIGNEMENT PRATIQUE (165 heures)

Analyse des pratiques professionnelles.

 

Elaboration de projets (44 h)


Au cours d'un séminaire encadré par un(e) enseignant(e) thérapeute, le stagiaire analysera sa pratique professionnelle à partir des outils théoriques et pratiques acquis au cours de cette formation. Cette réflexion devra aboutir à la rédaction d'un mémoire d'une quinzaine de pages, soutenu en 2004. Le stagiaire en cours d'emploi devra élaborer un projet qu'il soit social, éducatif, juridique, médical ou thérapeutique, en direction des migrants et de leurs enfants.


Stage (88 h)


Chaque stagiaire participera à une journée (ou deux demi-journées) de consultation par mois dans un des groupes thérapeutiques du centre Georges Devereux, groupe qu'il aura choisi en accord avec son référent. Ce stage se déroulera de février à décembre 2004.


Supervision de stage (33 h)


La supervision de stage se déroulera trois heures par mois et sera encadrée par un(e) enseignant(e) thérapeute du centre Georges Devereux.


DATES DES SESSIONS DE FORMATION

19, 20, 21, 22, 23 janvier 2004
16, 17, 18, 19, 20 février 2004
15, 16, 17, 18, 19 mars 2004
05, 06, 07, 08, 09 avril 2004
03, 04, 05, 06, 07 mai 2004
07, 08, 09, 10, 11 juin 2004
05, 06, 07, 08, 09 juillet 2004
13, 14, 15, 16, 17 septembre 2004
11, 12, 13, 14, 15 octobre 2004
15, 16, 17, 18, 19 novembre 2004
06, 07, 08, 09, 10 décembre 2004

 

COORDONNÉES

Equipe pédagogique :

Centre Georges Devereux, Université Paris 8, 2 rue de la Liberté, 93200 Saint-Denis.

Tel : 01 49 40 68 51. Email : webmester@ethnopsychiatrie.net

Administration :

Service de la Formation Permanente, Université Paris 8, 2 rue de la Liberté, 93200 Saint-Denis.

Tel : 01 49 40 68 65 57. Email : info-sp@univ-paris8.fr

 

CONDITIONS D'INSCRIPTION

L'inscription se fera en deux temps.

Présélection sur dossier de candidature

Entretien individuel : les candidats retenus sur dossier auront un entretien individuel afin d'évaluer leur aptitude à suivre la formation.

Les salariés souhaitant suivre la formation dans le cadre d'un Congé Individuel de Formation sont invités à nous adresser dès que possible le dossier nécessaire à l'établissement de leur demande.

 

L’EQUIPE PEDAGOGIQUE


Taoufik ADOHANE, Psychologue clinicien et anthropologue

Julien Ayité AJAVON, Psychologue clinicien

Dominique ATTIAS, Avocate

Marième BA, Psychologue clinicienne

Malamine CAMARA, Psychologue clinicien

Abdelhafid CHLYEH, Psychologue clinicien et anthropologue

Patrick DESHAYES, Maître de conférences en anthropologie, Université Paris 7

Annick DOLEDEC, Psychologue clinicienne

Ling FANG, Anthropologue

Isabelle FÉRIÉ, Médecin de PMI

Isabelle FOLIO, Psychologue clinicienne

Catherine GRANSARD, Maître de conférences de Psychologie clinique et pathologique, Université Paris 8

Joëlle HONIKMAN, Psychologue clinicienne, Chargée d'enseignement à l'IED/Université Paris 8

Lucien HOUNKPATIN, Maître de conférences de Psychologie clinique et pathologique, Université Paris 8

Laënnec HURBON, Directeur de recherche au CNRS.

Marion JACOUB, Ethnologue

Jocelyne KANNER, Educatrice spécialisée au tribunal pour enfants de Paris

Ismaël MAIGA, Linguiste, chargé de cours à l’INALCO et à l’université Paris 8

Catherine MARION, Psychologue clinicienne, Chargée d'enseignement à l'IED/Université Paris 8

Claude MESMIN, Maître de conférences de Psychologie clinique, Université Paris 8

Magali MOLINIE, Psychologue clinicienne, ATER, IED/Université Paris8

Geneviève N’KOUSSOU, Médiatrice ethnoclinicienne
Tobie NATHAN, Professeur de Psychologie clinique et pathologique, Université Paris 8

Marie-Liesse PERROTIN, Psychologue clinicienne, Chargée d'enseignement à l'IED/Université Paris 8

Marianne PRADEM, Anthropologue

Malanjoana RAKOTOMALALA, Linguiste, chargé d'enseignement à L'INALCO

Viviane ROMANA, Psychologue clinicienne, Chargée d'enseignement à l'IED/Université Paris 8

Paulette ROSEVEGUE, Médecin inspecteur à la DASS de Paris

Iran SADEGHZADEH, Psychologue clinicienne

Françoise SIRONI, Maître de conférences de Psychologie clinique et pathologique, Université Paris 8

Frédérica STORTONI, Psychologue clinicienne

Jean-Luc SWERTWAEGHER, Psychologue clinicien

Irena TALABAN, Psychologue clinicienne

Yvon TALLEC, Premier substitut au Parquet des mineurs de Paris

Henny WEXLER, Psychologue clinicienne

Nathalie ZAJDE, Maître de conférences de Psychologie clinique et pathologique, Université Paris 8

Jean ZOUGBÉDÉ, Psychologue clinicien.

 

 

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