Nous ne sommes pas seuls au monde

Tobie Nathan

 

Ed. Les Empêcheurs de penser en rond

C’est un recueil d’articles parus dans des revues en partie introuvables aujourd’hui, et remaniés pour donner un sens cohérent à l’ensemble, que publient Les empêcheurs de penser en rond.
L’ethnopsychiatre Tobie Nathan y dresse son parcours, son expérience, les calomnies dont il fut victime, ses interrogations et les avancées d’une science encore jeune. En sept grands chapitres, on découvre un chercheur qui ne s’arrête pas aux expériences empiriques et se défie des interprétations.

A l’aide de nombreux cas cliniques, sont expliquées les difficultés de cette pratique : qu’est-ce que l’exil? une souffrance, une richesse? Qu’est-ce que l’attachement à une langue, à des lieux, à des divinités dans un pays où la liberté, c’est d’être « délié » ? Au final, ce livre pourrait bien se lire comme la profession de foi de l’ethnopsychiatrie selon Tobie Nathan. La préface est d’Isabelle Stengers, coauteur de plusieurs livres avec Tobie Nathan

Bulletin d’informations de l’Action Enfance Maltraitée
Recherche – Actualité – Prévention

Communauté française de Belgique - Office de la Naissance et de l’Enfance





en collection de poche, le 1er mars 2007, dans toutes les bonnes librairies — Points Seuil

« Nous ne sommes pas seuls au monde »
– il existe
d’autres pensées que la nôtre, d’autres façons de faire pour prendre en charge les douleurs de l’existence.


Nous ne sommes pas seuls au monde


« Nous ne sommes pas seuls au monde » – c’est par cette formule qu’en Afrique de l’Ouest on reconnaît l’action des esprits qui viennent perturber la vie des humains. Dans le cadre d’une psychothérapie, tous les patients doivent être pris en compte, écoutés et aidés comme des témoins et non comme des victimes, à partir de leurs forces et non de leurs faiblesses. Ils sont dès lors tenus pour des experts de leur propre souffrance : toxicomanes, migrants, anciens membres de sectes… deviennent ainsi acteurs de leur thérapie.

Tobie Nathan
Professeur de psychologie à l’université Paris-8. Il a
publié (avec Isabelle Stengers) Médecins et Sorciers (Les Empêcheurs de penser en rond, rééd. 2004).

Préface d’Isabelle Stengers

 

Nous ne sommes pas seuls au monde

Tobie Nathan
est professeur de psychologie à l'université de Paris VIII

Résumé

"Nous ne sommes pas seuls au monde" - il existe d'autres pensées que la nôtre, d'autres façons de faire pour prendre en charge les douleurs de l'existence. "Nous ne sommes pas seuls au monde"-c'est par cette formule qu'en Afrique de l'Ouest, on reconnaît l'action des esprits qui viennent perturber la vie des humains. Tous les patients doivent être pris en compte, écoutés et aidés comme des témoins et non comme des victimes, à partir de leurs forces et non de leurs faiblesses. Ils peuvent ainsi parler de leur expertise propre: par exemple de la substance pour les toxicomanes, des êtres de leurs mondes pour les migrants, des procédures d'emprise pour les sortants de sectes...

 

Non siamo soli al mondo

Une traduction italienne est parue en 2003 chez Bollati

Tobie Nathan
Non siamo soli al mondo

Bollati Boringhieri

Il più grande etnopsichiatra vivente valorizza in questo suo libro il lavoro dei guaritori africani che mette sullo stesso piano dei terapeuti occidentali. Un saggio tra magia, scienza, ragione e animismo. Risvolti interessanti per la cura di malattie psichiatriche e nevrosi.

 


Préface — extrait :

"Préfacer Nous ne sommes pas seuls au monde, ce n'est évidemment pas "présenter" Tobie Nathan à des lecteurs qui ignoreraient son nom. Ce nom suscite aujourd'hui des passions qui vont bien au-delà des habituelles controverses intellectuelles, jusqu'à prendre l'allure de véritables anathèmes, provenant quelquefois de ceux qui, n'ayant pas lu, croient pourtant savoir ce qu'il convient d'en penser. Il ne s'agit pourtant pas ici de "défendre" un auteur, qui le fait très bien tout seul comme certains textes ci-après en témoigneront. Il s'agit de "prendre position", c'est-à-dire aussi et d'abord de ralentir le mouvement par lequel nous accueillons habituellement les propositions nouvelles venant compliquer nos manières de penser pour décrire le paysage où il apparaît nécessaire de prendre position.
Epreuve

Pour beaucoup, dont je suis, les propositions de Tobie Nathan annoncent de nouvelles obligations de penser, c'est-à-dire d'imaginer et d'agir. Car ces propositions mettent à l'épreuve un "nous" qui ne leur préexistait pas. Le "nous" convoqué par cette mise à l'épreuve se trouve, de par cette convocation, réuni par l'appartenance à un peuple assez étrange : ceux qui se pensent "seuls au monde"…" Préface d'Isabelle Stengers

 


Une présentation du livre sur RFI

Arnaud Spire a lu Nous ne sommes pas seuls au monde dans l'Humanité

Un compte rendu en italien de non siamo soli al mondo

un autre dans La Stampa par Gianfranco Marrone

Une recension détaillée par Jean-François de la Sablonnière dans le Canadian Journal of Psychiatry, Vol 48, No 1, February 2003

Les empêcheurs de penser en rond. Le Seuil. Octobre 2001

 

Une recension dans Sciences Humaines, n° 128, juin 2002

par Magali Molinié


Tobie Nathan, fondateur du centre Georges-Devereux, nous invite une nouvelle fois à pénétrer dans le « laboratoire de l'ethnopsychiatrie » qu'il construit depuis plus de vingt ans. Si « nous ne sommes pas seuls au monde », c'est d'abord parce que nos pays accueillent des migrants. C'est aussi parce qu'avec les migrants voyagent des êtres parfois fauteurs de troubles : des djinns jaloux des dieux, des sorciers cannibales, des morts en colère, des enfants ayant trop de liens avec le monde des ancêtres pour accepter de rentrer dans le monde des humains.

La relation d'aide psychologique qui est proposée au centre Georges- Devereux s'appuie depuis le début sur des principes cliniques très spécifiques : les personnes y sont accueillies en tenant compte de leurs attachements à une langue, à des mondes d'odeurs, à des sensations, à des pensées, à des logiques, à des objets culturellement spécifiques. Avec le temps, l'intérêt porté aux énoncés qu'ils produisent dans leur langue s'est élargi aux idées et aux objets propres aux techniques thérapeutiques pratiquées dans leur pays d'origine. Opposée aux tentatives de naturaliser les maladies de l'âme, l'ethnopsychiatrie de T. Nathan s'intéresse en priorité à la diversité des dispositifs thérapeutiques, qu'ils se veuillent « savants » ou « traditionnels », les considérant tous comme des techniques d'influence.

Cela a une conséquence pratique : « L'obligation de toujours prendre en considération non pas une entité abstraite », la culture, « mais les systèmes thérapeutiques », les choses, « qui ont informé le monde intérieur du patient ».

Chaque système thérapeutique dispose en effet d'un ensemble de théories explicatives du désordre et d'objets propres à y remédier : le fétiche du nganga congolais, le Coran du cheikh musulman, le baquet dans le magnétisme de Franz Mesmer. C'est à partir du maniement de ces objets porteurs d'une sorte de « concentré théorique » que le thérapeute engage son patient dans une transformation, un devenir.

Cette orientation unique en son genre fait écrire à Isabelle Stengers, qui préface ce livre, que l'on assiste peut-être, pour la première fois, à la naissance d'une science humaine ayant véritablement trouvé son objet et ses méthodes au lieu de singer ceux des sciences dures.