LES PLIS DU SECRET

 

par Vinciane Despret


Conférence prononcée le 12 octobre 2006 au colloque La psychothérapie à l'épreuve de ses usagers.

Vinciane Despret
Département de Philosophie
Université de Liège

Des recherches en ethnopsychologie, nous avons appris beaucoup de choses sur nous-mêmes [1]. Je voudrais attirer l’attention sur une quasi-constante des écrits touchant au domaine de l’ethnopsychologie des émotions : c’est dans l’étonnement, la surprise, la gaffe et surtout le malaise ou l’inquiétude que les présupposés les plus familiers, les évidences les plus opaques apparaissent souvent le plus clairement. Le long et difficile terrain de l’anthropologue Américaine Jean Briggs, chez les Esquimaux Utku, inaugure ce nouveau pari heuristique : les émotions, les frustrations, les énervements, à la fois les siens et ceux des Esquimaux qui l’accueillent, constituent pour elle autant d’occasions de mettre les contrastes à l’épreuve d’une lisibilité nouvelle [2].

Dans la mesure où exprimer des émotions, et surtout des émotions négatives comme la colère, est socialement réprouvé chez les Utku, chaque gaffe, chaque maladresse de l’anthropologue, en suscitant ce type de réaction chez ceux qu’elle étudie, nourrit sa recherche. Or, ces gaffes et ces maladresses sont justement liées à l’expression des émotions : Briggs ne réussit pas à réprimer, comme il serait souhaitable chez les Utku, sa colère ou son énervement, face aux difficultés du quotidien, aux exigences de la famille qui l’a adoptée pour la durée de son terrain et à celles de la communauté, face à la nécessité de négocier les relations sur un mode toujours pacifique, face encore à l'envahissement permanent, à l'impossibilité de travailler, et à la dépendance constante vis-à-vis des autres.

En d'autres termes, la relation que Briggs va construire avec la communauté, et plus particulièrement avec son père adoptif, Inuttiop, sera tellement difficile, tellement turbulente, qu'elle a pu, par cette relation, observer les efforts de contrôle et les émotions que son père était amené à manifester [3].

Il est vrai que, à l’issue de cette recherche, le chemin n’est qu’à moitié parcouru : il s’agit surtout, dans le projet de l’anthropologue, de rendre les Esquimaux lisibles. Le contraste interroge certes le contrôle émotionnel des Utku, il ne s’inquiète cependant pas de cette autre forme du contrôle qui consiste, dans la culture à laquelle appartient Briggs, à les exprimer. L’« autre » est interrogé sans que la différence n’apparaisse jamais comme construite par deux formes culturelles de l’expérience [4].

Mais cette recherche n’en présente pas moins tout l’intérêt de ce qu’elle a pu ouvrir comme nouvel espace de pensée et de ce qu’elle a apporté dans les enquêtes qui ont suivi : le courage d’assumer que les situations conflictuelles générées par l’anthropologue pouvait constituer un outil heurisitique intéressant. On retrouvera cette volonté méthodologique, quelques années plus tard, notamment chez Lila Abu Lughod [5], et de manière plus explicite encore chez l’ethnopsychologue Américaine Catherine Lutz, à l’issue de son travail avec les Ifaluk du pacifique Occidental [6]. Entendons-nous sur ce que je nomme « situation conflictuelle » : un simple désaccord de signification, le fait d’inquiéter, d’obliger à remettre en question ce qui est tenu pour acquis, sont, dans cette perspective, autant de situations conflictuelles, mais dont les conflits peuvent être dits « praticables » [7] .

C’est, par exemple, quand les Ifaluk lui disent que le bonheur n’est pas un but enviable à poursuivre que Catherine Lutz s’inquiète de ce que sa propre définition du bonheur, (pas son contenu, cela on s’en doute), mais le fait que le bonheur lui-même soit désirable, apparaît tout à coup comme un pli particulier d’une culture, et non plus comme ce qui a le pouvoir de s’imposer en toutes circonstances.

Et c’est, par exemple, lorsqu’elle crée un malaise autour d’une décision banale à prendre, celle de quitter l’assemblée pour aller chercher un verre d’eau, et qu’elle met cette décision à la discussion en « proposant à celles qui le veulent de l’accompagner », qu’elle comprend que la manière dont elle le proposait reposait sur une conception particulière des relations : « on ne doit rien imposer aux autres, ils ont le libre choix ». Le fait que cette proposition choquait les Ifaluk, pour qui l’accord des volontés est donné et ne doit pas se négocier si les relations sont bonnes, apprenait en même temps à Lutz que sa manière de s’exprimer reposait sur une étrange conception de l’autonomie des personnes, centrale dans le système de pensée euro-américain. Tant la conception du bonheur que celle de l’autonomie des personnes sont des plis que la culture a si bien repassés que ce n’est que dans le malaise de la rencontre que devient lisible le fait que ce qui nous semble aller de soi, être évident, nécessaire, inévitable[8] aurait pu être autrement.

J’en viens par ce détour, à l’objet qui a suscité ce texte : le malaise que nous éprouvons face à certaines émissions de télévision qui proposent ces nouvelles formes de production collective de subjectivité, ou, pour reprendre les termes de Bruno Latour, cette offre positive de subjectivation [9]. Je voudrais commencer par renvoyer ce malaise à une situation que j’ai rencontrée, une situation elle-même source de malaises et de malentendus ; une situation qui éclairait sous un autre jour des plis professionnels souvent ininterrogés, liés à la pratique du secret et à la séparation du public et du privé.

Pendant la guerre en ex Yougoslavie, j’ai été chargée par Médecin sans frontière Belgique d’évaluer un programme de soutien psycho social adressé aux familles [10]. Je travaillais donc dans les camps de réfugiés et je rencontrais, dans les lieux où elles vivaient, les familles qui avaient accepté de me recevoir. Les rendez-vous étaient fixés à l’avance par les intervenants du programme, et les familles m’attendaient. Or, quand j’arrivais, avec ma traductrice, il y avait généralement du monde : des voisins, des amis du lieu d’origine, des cousins étaient là, parfois très nombreux. Et l’on attendait, avant de commencer l’entretien. Et parfois on attendait longtemps que tous ces gens s’en aillent. Et ces gens restaient. Il m’a fallu du temps pour comprendre le malentendu. Pour moi, formée comme psychologue — mais une sociologue aurait eu le même réflexe— il était évident qu’au vu de ce que nous allions aborder, le cadre se devait d’être intime et confidentiel. On allait parler de malheur, de pertes, de tristesse, de relations, bref de toutes ces choses qui font partie de ces sphères délicates de ce que nous considérons comme l’intimité. Et je ne m’étais évidemment pas posé la question de savoir si les gens que j’allais rencontrer définissaient les choses comme je le faisais. Ce qui, de toute évidence n’était pas le cas (mais ce genre d’évidences face aux plis professionnels ont peu de chance de s’imposer rapidement). Les voisins, amis, famille élargie n’étaient pas là par hasard. S’il étaient là, c’était justement en raison de ma venue. Le malaise finissait par s’installer, et je dois à la sensibilité de ceux qui m’accueillaient d’avoir finalement traduit que visiblement, c’était moi qui avais besoin d’intimité pour travailler. Ce qui me semble intéressant aujourd’hui, c’est de penser que cette traduction si pertinente ne m’a pas effleurée à cette époque.

Un autre malaise a caractérisé ce travail d’évaluation, et je dirais aujourd’hui que ces deux malaises étaient liés. Dans ce que j’entendais les gens me raconter, je découvrais que les intervenants, dont je trouvais par ailleurs le travail remarquable, visiblement n’avaient cessé de transgresser la frontière entre ce que j’avais bien appris à distinguer comme relations personnelles et relations professionnelles : ce que les gens me racontaient me laissaient souvent perplexe, je peux même dire assez inquiète.

En entendant ces histoires, et le fait que souvent les gens me disaient que leurs intervenants étaient de bonnes personnes, qu’ils étaient devenus des amis, j’ai donc décidé de leur poser une question qui n’était pas prévue à l’origine dans l’évaluation : j’ai commencé à leur demander ce qui, dans la pratique de leurs intervenants, les faisait reconnaître comme des professionnels et ce qui les faisait reconnaître comme des « bonnes personnes » ou des amis. Les réponses m’ont le plus souvent complètement déroutée : tout était inversé par rapport à ce que je pensais et ce que j’avais appris. Ce que j’aurais spontanément attribué à la qualité professionnelle était considéré comme venant du fait qu’ils étaient devenus comme des amis ; ce qui à moi me semblait être de l’ordre du brouillage entre le professionnel et le privé, de la transgression, était considéré par les gens comme les preuves du professionnalisme des intervenants. Ainsi j’ai entendu des choses comme « Ce qui fait qu’elle est professionnelle ? » : « Quand la guerre a repris avec les musulmans et que mon mari (musulman) est reparti au front, elle est passée entre deux visites » ; ainsi aussi j’ai également entendu, comme témoignage du professionnalisme, des dons, des services, des échanges de service, etc. Tout cela faisait partie de l’expertise du professionnel. La disponibilité et l’écoute, en revanche, faisaient des intervenants des « comme des amis ».

Certes, on était dans une situation extrême, et dans un programme dont une qualité remarquable était qu’il avait misé sur l’inventivité des intervenants ; un programme qui justement, dans son élaboration ultérieure, bien après la guerre et dans nos pays, dans des situations de détresses multiples, fera de l’ouverture du dispositif à ce qu’il appelle des « intrus », et de la question du secret, non plus une solution, mais un problème à mettre sous tension : je parle ici des cliniques de concertation [11].

Revenons en à ce double malaise, que je vois aujourd’hui comme lié autour de la question du secret et de la séparation du cadre professionnel et du cadre privé : le secret, en quelque sorte, participait de ma condition de professionnelle. D’une certaine manière je l’imposais aux gens parce qu’il me semblait constituer une condition essentielle de mon travail. Et ce faisant, j’imposais aux gens un cadre bien défini de ce qui doit se dire, de ce dont on doit faire l’expérience. D’une certaine manière, le secret se constitue non pas tellement de manière négative, en termes des risques qu’il s’agit d’éviter — la divulgation, le risque de ne pas pouvoir assurer la confiance—, mais comme une offre faite, dans un dispositif, de faire l’expérience des problèmes sur un certain mode, celui de l’intimité, des choses cachées qu’il s’agit de dévoiler.
On peut le dire de manière critique, en affirmant que le secret finalement ne protège pas les gens mais le thérapeute. Cette version est sans doute pertinente. Lorsque je demande à mes étudiants de psychologie, pour leur travail de fin d’année, de rencontrer un thérapeute pour lui demander d’exposer un cas et de rendre compte de son intervention, pour ensuite analyser les fondements et les parti pris de cette intervention, une majorité des thérapeutes qui se plient à l’exercice demandent à mes étudiants que soit préservé leur anonymat dans les travaux qu’ils doivent me rendre. On peut alors prendre la mesure du risque auquel s’expose les thérapeutes qui acceptent de rendre leur pratique publique dans les dispositifs télévisuels. Et ces dispositifs pourraient, ou auraient pu, se constituer comme des dispositifs d’évaluation de ce que proposent les thérapeutes. Ces émissions sont dès lors tout autant des « constructions collectives de la subjectivité » que des évaluations de ces constructions.

Mais limiter la question du secret à ce qui protège le thérapeute ne rend pas compte de son effet pragmatique dans les dispositifs thérapeutiques. Tant Françoise Sironi [12] que Robert Barrett [13] ont bien montré que le secret devait être traité comme une question technique : il constitue une offre positive de subjectivation. Plus clairement dit encore, le secret induit que ce dont il faut se guérir, ou que l’accès à ce qu’il faut guérir, c’est secret. On comprendra que j’étends la signification du secret à celle de l’intime, en renouant avec sa racine étymologique, qui renvoie le secret à l’idée de ce qui est séparé. En effet, la confidentialité, c’est-à-dire le secret du professionnel mais aussi l’isolement du lieu thérapeutique, peuvent traduire la volonté d’induire certaines formes d’expérience, certaines formes d’expression de soi, certaines offres de subjectivation. Comme l’écrit Barrett :

« L’étiquette de l’entretien— la mise à l’aise du patient, la sobre attitude d’intérêt pour lui, les questions ouvertes, l’établissement d’un contrat de confiance— a pour but de révéler les symptômes mentaux profonds. En termes cliniques, une évaluation complète est connue sous le nom « d’entretien en profondeur ». Elle est censée « toucher » les émotions les plus enfouies ou les plus profondes. On dit alors du clinicien qu’il « découvre », « fait sortir » ou permet au patient de « vider son sac » »(…) Emergent alors les pensées, les sentiments ou les idées fixes « sous-jacentes » que le patient a recouvertes ou qui ont été « profondément enfouis ». [14]

Le secret participe dès lors de la construction du problème, de la manière d’en faire l’expérience. La psychothérapie « du secret » se définit alors comme une métamorphose globale, qui opère d’emblée (et non seulement au moment de la guérison) et qui transforme, c’est-à-dire qui « subjective » les patients, afin de les rendre disponibles à une certaine technique de guérison [15].

Le secret, le colloque singulier est donc un aspect de la technique qui vise à transformer les personnes selon une théorie. C’est parce que le dispositif se construit comme un dispositif (de) secret que le patient est amené à privilégier la production de secrets. En quelque sorte, le « colloque singulier » crée, dans un espace public, celui de l’institutionnalisation des soins, un simulacre de l’espace privé.

Ce qui m’est arrivé dans les camps de réfugiés l’illustre en quelque sorte et l’illustrait d’autant mieux qu’espace public - espace privé, ou espace professionnel- espace privé, étaient brouillés. Mais ce qui veut dire aussi que le dispositif va avoir un autre effet, qu’il va induire une chose sans que cette induction soit remise en question : le secret ne sépare pas seulement ce qui est public et ce qui est privé, il sépare les choses dont on peut être fier et les choses dont on a honte. Pour privilégier ces dernières [16].

On peut commencer à comprendre pourquoi l’idée de faire de la psychothérapie dans un dispositif télévisuel peut produire des malaises et des contradictions. On introduit un dispositif qui privilégie ce qui ne se partage que sous certaines conditions, la sexualité, les émotions, l’intimité -—ce dont, pour le dire vite on a « honte » — dans un espace qui a longtemps engagé à mettre en scène ce dont on pouvait être fier.

Alors la tension peut recevoir deux réponses : soit celle du CSA, qui demande que le dispositif protège les gens, et que les interventions ne se calquent plus sur celles du colloque singulier. Mais nombre de cas vont résister à cette injonction, puisque les gens eux-mêmes semblent vouloir privilégier un mode de subjectivation culturellement sanctionné par les psychothérapies [17].

Soit encore celle des cliniciens, et cela commence à se faire, qui acceptent de réfléchir ensemble sur les effets des choix de dispositifs, sur ce que ceux-ci permettent, suscitent, produisent mais aussi, et surtout, sur ce que leur ouverture et leur transformation peuvent ouvrir comme possibles et engager comme inventions.

 

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Notes
 
[1]. Je renvoie pour une analyse plus longue à Lutz Catherine (2004), La dépression est-elle universelle ?, Paris : Les Empêcheurs de penser en rond ; et Vinciane Despret(1999) Ces émotions qui nous fabriquent. Ethnopsychologie des émotions. Paris : Les Empêcheurs de penser en rond.

[2]. Briggs.J. (1970) Never in Anger : Portrait of an Eskimo Family. Cambridge (Mass.) : Harvard University Press.

[3]. Op. cit, p. 42.

[4]. On peut d’ailleurs se demander si Briggs ne se fonde pas sur une conception très Occidentale selon laquelle l’émotion serait le « vrai noyau » de la personne, avec le corollaire selon lequel les émotions doivent se contrôler. D’une part, c’est dans le débordement émotionnel face à ses gaffes qu’elle trouve ce qu’elle cherche, d’autre part, elle traduit en termes de « contrôle » la manière dont les Utku négocient le rapport émotionnel aux autres.

[5]. Abu-Lughod L. (1990) « Shifting Politics in Bedouin Love Poetry ». In C. Lutz et L. Abu-Lughod eds, Language and the Politics of Emotions. Cambridge : Cambridge University press, pp. 24-45.

[6]. C. Lutz (1988) Unnatural Emotions. Everyday Sentiments on a Micronesian Atoll and Their Challenge to Western Theory. Chicago : The University of Chicago Press.

[7]. J’emprunte cette notion au travail de Jean-Marie Lemaire, dont les Cliniques de concertation s’élaborent comme une recherche des conflits praticables dans un premier temps, avant de pouvoir, dans un second, travailler avec ceux qui étaient jusque là (et qui resteront peut-être) impraticables. J.M. Lemaire « Liens Soignés – Liens Soignant « Cliniques de Concertation » et Violences de Quartiers ». A paraître, Cahiers de Psychologie Clinique, 28.

[8]. Je reprends ce terme à Ian Hacking, Entre science et réalité. La Construction sociale de quoi ? Paris, La Découverte.

[9]. La séance du colloque pour lequel ce texte a été écrit présentait deux extraits d’émissions à orientation « psy ». « Psy Show » (sous titrée : "La règle du Je") de Pascale Breugnot, diffusée le 26 octobre 1983, émission au cours de laquelle psychanalyste Serge Leclaire recevait et tentait d’aider un couple présentant des problèmes sexuels. L’autre extrait, beaucoup plus récent, était issu de « Quelle famille ! » qui a été diffusée en février 2006 sur M6. Cette émission était présentée par Frédérique Courtadon avec la collaboration de Stéphane Clerget, pédopsychiatre.

[10]. Chauvenet, A ; Despret V. et Lemaire J.M. (1996) Clinique de la reconstruction : une expérience avec des réfugiés en ex-Yougoslavie, Paris : L'Harmattan.

[11]. Voir J.M. Lemaire, art. cit.

[12]. Sironi F. (1999) Bourreaux et victimes. Psychologie de la torture. Paris : O. Jacob.

[13]. La Traite des fous. La construction sociale de la schizophrénie. Paris : Les Empêcheurs de penser en rond, 1998.

[14]. Barrett, op. cit., p. 61.

[15]. L’analyse que Magali Molinié offre aux « thérapies du deuil » est exemplaire de ce processus. Son travail montre les effets, dans les théories savantes du deuil, du processus de laïcisation progressive du monde. Ce processus de laïcisation a pris la forme, tant dans le domaine de la psychopathologie que dans celui des relations aux disparus, d’un procès d’intériorisation : du côté des vivants, les causes du mal seront dorénavant psychiques — et non plus le fait d’invisibles dotés d’intentionnalité— ; les morts, quant à eux, deviennent des entités appartenant au monde interne des personnes. D’où la possibilité d’envisager la relation aux morts comme un travail essentiellement intra-psychique, aboutissant, normalement, à l’épreuve de réalité. M. Molinié, (2006) Soigner les morts pour guérir les vivants. Paris : Les Empêcheurs de penser en rond.

[16]. « Les secrets, remarque Barrett, sont essentiellement d’ordre sexuel : sensations à la puberté, fantasmes de masturbation, expériences homosexuelles, et, surtout, l’inceste ». Op. cit., p. 63. On ne peut mieux définir le dispositif comme un dispositif de séparation.

[17]. Les conseils doivent être donnés de manière générale et ne plus calquer ce qui doit rester de l’ordre, je cite ici Ludovic Laplace, producteur de « Quelle famille », qui a bien voulu m’éclairer sur les motifs de ces changements, « du colloque singulier ». La question du secret est donc, après avoir été évacuée par la porte, revenue par la fenêtre.


Vinciane Despret, Hans, le cheval qui savait compter — Les Empêcheurs de Penser en Rond éd. 2004, 136 pages

 

 

 

 

 

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