Le Sexe des morts
   
Un film d'Emmanuelle Ohniguian et Tobie Nathan (2002)

 

Film projeté au Festival de Lussas le mercredi 20 août 2003 à 21h00 (Salle 2)

 

Épisode 1 : Cynthia

Épisode 2 : Le Cafre

Reconstitution (avec des acteurs dans le rôle des patients) de deux consultations d’une famille réunionnaise par Tobie Nathan et son équipe selon le dispositif ethnopsychiatrique.

L’action se passe au Centre Georges Devereux à l’université Paris 8.

Réalisateur : Emmanuelle Ohniguian

auteurs : Emmanuelle Ohniguian, Tobie Nathan

2002 - DV Cam - Couleur - France - 2'
Image : Philippe Elusse, Jean-Pierre Méchin - Son : Yves Laisné - Montage : Emmanuelle Ohniguian

Production, distribution : IED — Institut d'enseignement à distance de l'université paris 8

   
 
   
Dans L'influence qui guérit (Ed. Odile Jacob, p. 332), Tobie Nathan résumait la position de l'ethnopsychiatre : respecter le patient en respectant ses divinités, ses manières de faire, ses docteurs, ses objets de culte et en considérant qu'il est aussi un exilé. Les deux heures passées ici autour d'une table en sa compagnie, celle de son assistante et d'une famille réunionnaise confrontée aux comportements dérivants de leur jeune fille sont un étonnant et passionnant témoignage de cette méthode. Le père et la mère sont à

Le sexe des morts

par

Olivier Barle

la première séance. Une sœur et deux frères de la mère viennent se joindre à eux pour la deuxième. Il est d'abord question de Cynthia, 8 ans, qui a des comportements sexuels anormaux. Mais un grand absent se fait peu à peu présent : le grand-père, mort et enterré mais qui revient et, obsédé par la douloureuse expérience des nègres marrons, réclame la parole…

Jamais la rationalité n'est évoquée : on accepte ici des données irrationnelles et Nathan propose des solution traditionnelles, respectant la culture des personnes qu'il tente d'aider. Nathan est au milieu, fort d'une expérience que l'on sent énorme, y puisant une impressionnante intuition, s'appuyant sur son assistante créole (on sent derrière le travail d'une équipe) à qui il demande des références culturelles supplémentaires. Tout tourne autour de ce personnage central qui appelle la parole et la distribue. On sait que cela en agace certains : le film peut apparaître comme une auto-célébration. Il est pourtant bien autre chose : la visualisation par l'exemple d'une méthode. La vraie famille n'est pas exposée à l'écran : des acteurs professionnels la remplacent. Il s'agit donc d'une reconstitution – et cela aussi est une marque de respect.

Il se passe là quelque chose de fondamental : l'édifiante révélation de l'irréductibilité d'une culture, de l'importance de la prendre en compte pour soigner, de la confiance dans les instruments thérapeutiques qu'elle a su développer au cours des âges. C'est cette humilité d'une thérapie qui ne se prend pas pour universelle qui émeut, une approche de l'humain qui ne l'enferme pas dans une conception unique.

A la vue d'un tel film, je le répète si étonnant qu'on en reste scotché à son siège (on voit le grand père véritablement posséder chacun des membres de la famille), on revient


Viviane Romana, psychologue, jouant son propre rôle dans le film : "Le sexe des morts"

sur le rejet des pratiques ancestrales de sacrifices sanguinolents, voire de ces thérapeutes de fortune, ces marabouts des cités HLM qui tirent les cauris aux déprimés de passage. Après tout, ne trouve-t-on pas un peu partout des personnes parfaitement sensées et rationnelles s'adonner à des rites que tous s'accordent à qualifier d'archaïsmes irrationnels ? Ce que nous dit Nathan n'est pas de tout prendre pour argent comptant mais de chercher à comprendre pourquoi elles y croient, sans forcément revenir à son propre schéma explicatif, c’est-à-dire de sans arrêt soumettre ses conclusions à l'expertise des personnes considérées. Une belle leçon dans un monde en globalisation accélérée où l'on finit par croire que tout être n'est plus que le produit du système global au détriment de sa propre origine, celle-ci évoluant à grande vitesse sous la pression de l'information et du marché planétaire. On en a pas fini avec les groupes et ce n'est pas à Africultures (où nous luttons contre le communautarisme et les identités figées mais défendons la richesse de la trace culturelle) qu'on ira nous dire le contraire.

Olivier Barle

 

Viviane Romana et Tobie Nathan jouant leur propre rôle dans le film : "Le sexe des morts"

Présentation du film dans Nova-Cinéma

Publié dans Nova-cinema.com…

Le sexe des morts

Emmanuelle Ohniguian & Tobie Nathan, Fr, vo fr / fr ov, Beta SP, 2002, 2 x 50'

"Nous ne sommes pas seuls au monde. Il existe d'autres pensées que la nôtre, d'autres façons de faire pour prendre en charge les douleurs de l'existence. Nous ne sommes pas seuls au monde. C'est par cette formule qu'en Afrique de l'Ouest, on reconnaît l'action des esprits qui viennent perturber la vie des humains" (Tobie Nathan). L'ethnopsychiatrie est un "art de l'influence", une médiation avec les ombres, les ancêtres, les esprits, et les dieux... Elle permet de penser la souffrance de ceux qui viennent en consultation à partir de leur propre langue et de leurs propres objets. Nous avons ici la chance de voir la reconstitution de deux consultations (initialement destinée uniquement aux étudiants) d'une famille réunionnaise par Tobie Nathan et son équipe selon le dispositif ethnopsychiatrique. Deux séances comme elles sont menées tous les jours depuis 1993 au centre Devereux à l'Université Paris VIII. Loin des polémiques sulfureuses suscitées par cette pratique, ce film est un étonnant et passionnant témoignage de cette méthode. Sommes-nous, nous aussi, prêts à prendre en compte le grand-père, mort et enterré qui revient hanter cette famille réunionnaise... et nous invite à de nouvelles possibilités de penser. Nous invite à négocier collectivement avec les "invisibles".
   
à la radio :

Vendredi 10 décembre 2004

Sur RFI, dans l'émission de Sophie Ekoué :

Reportage Festival « Lagunimages » à Cotonou – Une manifestation destinée à valoriser les films télé et le documentaire comme « Le sexe des morts » un film réalisé par l’ethno-psychiatre Tobie Nathan et par la psychologue Emmanuelle Ohniguian qui reconstitue à travers ce film une consultation avec une famille réunionnaise vivant en région parisienne : le spectateur découvre cette séance de thérapie familiale qui prend en compte la culture et la dimension spirituelle de cette famille migrante habitée par la mémoire du grand-père, un guérisseur décédé, mais encore présent dans la vie et la sexualité de ses petits-enfants.
   
 
   
Nouvel assaut de la police des mœurs

par Jacob Habib [1]

(À propos de l'article de Alessandra Russo, «Soigner l’histoire ?», Número 5 - 2005, Nuevo Mundo Mundos Nuevos. Critique du film Le Sexe des morts de Emmanuelle Ohniguian et Tobie Nathan (France) [épisode 1 : Cynthia / épisode 2 : Le Cafre], Fr, vo fr / fr ov, Beta SP, 2002, 2 x 50'.[2])

 

Le monde qui va


Tobie Nathan a participé à la conception et à la réalisation d’un film. De l’avis unanime, ce film est beau. Par dessus le marché, il respecte la déontologie des psy ou ce qu’elle devrait être : ne pas montrer des patients à la télévision ou au cinéma, même s’ils donnent leur accord explicite. On sait trop ce que produit le regard second que l’on porte sur sa propre souffrance donnée au marché du plaisir, offerte en sacrifice aux divinités de la banalisation. Car il n’y a rien de pire que de se voir livré au banal ! On ne subit pas seulement une effraction de son intimité, mais bien plus grave : comme un démontage, un morcellement de son être. Non ! Ici, l’histoire a été récrite, scénarisée, jouée par des acteurs professionnels. Elle devient alors œuvre de fiction et permet cette appropriation à la fois intellectuelle et affective nécessaire à la réflexion. Mais là, si les patients sont joués par des acteurs, les thérapeutes y jouent leur propre rôle, ce qui accentue la sensation de regarder un reportage… Étrange ! Ce film émeut par sa vérité et pourtant il est manifestement une fiction. Et puis, l’histoire aussi est surprenante, profonde, avec des implications psychologiques, certes, mais aussi sociales, politiques, comme le sont toujours les récits de l’ethnopsychiatrie. D’abord, un fait inhabituel : dans une famille originaire de l’île de la Réunion, une gamine présente des comportements sexuels exacerbés. Elle séduit les petits garçons, ses camarades de classe, les incitant à des actes sexuels, elle fait des avances au maître d’école. La maîtresse s’alarme : n’a-t-elle pas été victime d’actes pédophiles ? L’assistante sociale est alertée. Elle soupçonne naturellement l’environnement familial. De nos jours, l’enfant est plus encore qu’autrefois cet innocent subissant les assauts d’un monde sauvage. La défense de son innocence si fragile est, Foucault l’avait prédit dès les années ‘70’, l’alibi qui autorise toutes les irruptions. Aucun verrou n’y résiste : les maisons s’ouvrent, les familles deviennent objets d’investigations de toutes sortes — les travailleurs sociaux, les médias, les psy… Une morale primaire s’engouffre dans le lit des petites gens, installant par tous les interstices du tissu social une surveillance de tous les instants, une police intérieure. Mais voilà que dans ce cas, on découvre que le problème est inverse de celui que l’on soupçonnait. C’est la gamine qui se livre à des attouchements sur son père et non l’inverse ; c’est elle qui se glisse en secret, en pleine nuit, dans la chambre des parents pour tenter de le caresser durant son sommeil. Le modèle n’est pas respecté ; les interprétations habituelles impossibles ; il s’impose une compréhension nouvelle. L’assistante sociale s’adresse à la consultation d’ethnopsychiatrie. Et c’est le récit de cette histoire paradoxale qui nous est offert avec gentillesse, compréhension, humour et talent.

Mais voilà ! La police des mœurs revient à la charge ! Une certaine Alessandra Russo propose une analyse critique du film disponible sur le net (Alessandra Russo, « Soigner l’histoire ? »[2]). Elle avance trois arguments issus de la banalité ambiante — trois arguments qui lui paraissent décisifs.


Communautarisme, ethnicité, exclusion sociale


1. Dans le film, Tobie Nathan propose une interprétation qui rend compte des faits et qui, de plus, est conforme au sentiment des membres de la famille. Le grand père mort de la fillette, qui fut tout à la fois guérisseur puissant et coureur de jupons à la sexualité débridée, a pris possession non pas seulement du corps de la fillette, mais de chacun des membres de la famille. Cette proposition a le mérite de rendre compte de la paradoxalité de la situation ; elle explique l’étrange comportement de la fillette, mais plus encore, elle met ses oncles et ses tantes d’accord. La mère relate alors les irruptions du comportement de son père dans ses pensées et ses gestes, les oncles relient les faits récents à l’étrangeté de leur propre comportement sexuel. Le monde se remet en ordre. Une famille apparaît grâce au désordre d’une fillette, une famille réunie autour d’un ancêtre défunt qui exige des rituels de respect. Quoi de plus humain ? Socialité traditionnelle, certes, solidarité peut-être mystique, mais solidarité impliquée de frères et de sœurs tous intéressés à comprendre les exigences d’un fantôme. Eh bien, pour Alessandra Russo, ce type d’interprétation promeut « l’intégration des immigrants dans leur nouvelle patrie sous une modalité « communautaire », à savoir au moyen d’une reconnaissance de leurs pratiques « ethniques » [et] ne peut que légitimer encore plus leur exclusion… » Passons sur l’ignorance de Madame Russo (les Réunionnais sont français ; l’île de la Réunion est un département français) et allons au vif du sujet. Tâchons de ne pas nous laisser aveugler par l’utilisation de jetons idéologiques tels que « communautaire » ou « ethnique » — tarte à la crème justifiant toutes les condamnations, toutes les disqualifications. Pour quelle raison, selon quelle logique, le fait d’évoquer avec les membres d’une famille en difficulté leurs propres compétences est-il générateur d’exclusion sociale ? Il s’agit là d’un espace thérapeutique, d’une sorte de parenthèse, dans laquelle la famille déroule son histoire, s’interroge sur ses pratiques. Dehors, le monde est ouvert, tout comme en Inde, tout comme en Chine, tout comme à l’île de la Réunion aussi, bien sûr ! Alessandra Russo ignore sans doute que le monde peut être à la fois ouvert et multiple. Mais il y a plus encore : supposons que les modalités de prise en charge présentées dans ce film se révèlent efficaces (ce qu’elles sont très souvent, je le sais !). Le bénéfice pour la famille se révèlera alors sur plusieurs plans. La conséquence de la prise en charge sera la réunificaton de la famille autour d’interprétations — disons — « traditionnelles ». L’autre conséquence prévisible sera le constat de la fonctionnalité de leur tradition et la prise de conscience du bonheur de leurs propres attachements. Et maintenant réfléchissons un instant : cela les empêchera-t-il un instant de s’acheter un pavillon de banlieue ? de s’engager dans des études de mathématiques ? de s’intéresser à la vie politique ? de partager une passion pour le football ou pour la world music ? Certes non ! Que signifie alors « exclusion » ? Cela signifie seulement que Madame Alessandra Russo est « exclue » de ce mode de compréhension ; qu’elle ne peut y participer, qu’elle n’y tient aucun rôle… Voilà donc le sens d’exclusion : la pratique clinique de Tobie Nathan exclut Madame Alessandra Russo de l’expertise… La belle affaire, en vérité !


Les psy et les fantômes


2. Car Madame Russo fait également état d’autres interrogations. Elle se demande : « N’aurait-il pas fallu, par contre, rattacher le comportement de la fille au rapport complexe qu’elle pouvait entretenir avec son père, dont les traits physiques et la culture s’éloignaient si visiblement du grand-père africain et de la généalogie maternelle ? » Elle démontre une nouvelle fois son incompétence : dans le film, le père est tout aussi réunionnais que la mère, les oncles et les tantes… Mais passons ; elle a pu avoir quelque moment d’inattention durant la projection. Cependant, au travers de ce qu’elle désigne comme sa perplexité, elle révèle son véritable sentiment. Si l’on avait pu poser la question en termes « psy », parler de « rapport complexe » au père, « d’ambivalence », de « sexualité infantile » ; si le « psy » avait pris une « attitude d’écoute », un air entendu, compassé ; si la problématique avait été conforme à ce que l’on lit dans les livres psy de hall de gare, alors, elle se serait sentie compétente et n’aurait pas évoqué « communautarisme », « pratiques ethniques » et « exclusion sociale ». Sa critique est donc celle des gardiens de privilèges, de ces gens qui se sentent maîtres du savoir savant, de cette nouvelle « police des mœurs » qui s’autorise tous les anathèmes, se sentant d’autant plus assurée que ses pensées sont plus banales. Mais que peuvent donc apprendre les Alessandra Russo du monde tel qu’il va ? Quels regards acceptent-ils d’y porter eux qui se sentent, du seul fait de leur conformité, en droit de condamner les hommes, les femmes, les dieux, les ancêtres et les pratiques traditionnelles ?


Le tabou de la prescription


3. Mais ce n’est pas tout ! Il reste encore une troisième interrogation que je ne saurais passer sous silence : Madame Russo semble savoir quel type de relation induit la prescription d’une pratique dans le cadre d’une activité thérapeutique. Elle écrit : « le fait de prescrire au patient la solution à son problème, ne le rend-il pas dépendant à jamais de son « guérisseur » ? Grands dieux ! Que fait-on d’autre que de proposer des solutions toutes faites à des problèmes singuliers ? La psychanalyse agit-elle de manière différente, elle qui prescrit que la solution surviendra du dedans. La psychiatrie chimique agit-elle autrement qui prescrit une solution inscrite dans les connexions neuronales ? Le monde est riche du fait qu’il en existe des quantités ! La liberté des patients consiste à choisir dans un vaste champ de possibles. Il est vrai que l’on ne peut pas parler de liberté au sens propre puisque, en règle générale, si les patients sont ouverts à toute solution, c’est toujours leur désordre qui décide ! C’est en effet le mal qui décide à la place du patient, lui qui réagit à telle pratique et non à telle autre… La réalité du monde est aux antipodes de ce que présente Madame Russo. Dans le champ complexe des désordres « psy », il ne peut en aucun cas exister des « savants » détenant un savoir positif soignant des patients souffrant d’un mal qu’ils ignorent. Les malades sont ici riches d’une connaissance, d’une expertise de leur mal — Tobie Nathan milite précisément pour la reconnaissance de l’expertise propre des malades. Et cette expertise, même si elle peut s’exprimer individuellement, ne devient efficiente que lorsqu’elle se révèle au sein de collectifs. La famille réunionnaise montrée dans le film est experte du fait même qu’elle participe de la « connaissance traditionnelle réunionnaise », tout comme l’expertise de tel malade souffrant d’un TOC ou d’un syndrôme de Gilles de la Tourette, ne se manifeste que pour autant qu’il rejoint une association de malades telle que l’AFTOC ou l’Association « Tourette syndrom association ». Et c’est Tobie Nathan qui a introduit cette idée selon laquelle le métier de « psy » est un éternel apprentissage auprès de collectifs sociaux ou religieux de solutions qu’ils ont inventé et expérimenté.


Si j’ai réagi à ce petit papier sans grand intérêt publié sur le net, c’est que je voulais pour une fois m'insurger contre la terrible « police des mœurs » qui, par ses imprécations dignes des grands moments de l’Inquisition espagnole, prive le public de l’authentique plaisir d’un film tout de finesse et d’intelligence.

 

Notes


[1]. Écrivain, journaliste.
[2]. Alessandra Russo, « Soigner l’histoire ? », Número 5 - 2005, Nuevo Mundo Mundos Nuevos, mis en ligne le 6 avril 2005, référence du 9 avril 2005, disponible sur : http://nuevomundo.revues.org/document888.html

   
 

Réaction de

Emmanuelle Ohniguian

Ne sachant joindre Jacob Habib, j'espère que ce message lui sera transmis

Je suis Emmanuelle Ohniguian, psychologue clinicienne et réalisatrice du film "sexe des morts", qu'il a pris la peine de défendre en répondant à l'article de A. Russo.

Je voudrais le remercier pour la clarté et la justesse de sa réponse. J'ai moi-même accompagné le film dans de nombreuses projections, j'ai mené des débats, expliqué par le menu notre travail, puis je suis passée a autre chose,

laissant le film mener sa vie, ou sombrer dans l'oubli comme tant d"autres films…en fait je n'avais plus la patience de répondre au type de critique que pratique Madame Russo, prévisibles, codées, fermées… nous avions fait ce film avec Tobie Nathan, justement pour créer un objet permettant la discussion, la réflexion, au risque des critiques, bien sûr, mais surtout pour les rencontrer sur une base concrète, Nous nous sommes exposés ( Tobie Nathan s'est explosé), afin de pouvoir répondre aux questions, aux doutes, de réflechir ensemble, avec nos sympathisants et nos détracteurs, dans cet esprit de recherche qui nous est cher.

J'avoue que l'article de A. Russo m'avait attristée… justement car tout ses arguments étaient si prévisibles. Elle n'invente rien, n'est surprise par rien, rien ne la fait devier des sentiers battu de la pensée psychanalytique la plus academique, qu'elle défend . Qui est Alessandra Russo, me suis-je demandée ? Personne en fait… ou tant d'autres…Que dit elle dans ses critiques, et même ses attaques qui me surprenne ? Rien… J'avais pris soin de faire un film pour "ouvrir", proposer une pensée, risquer quelque chose… en respectant le travail d'un auteur, et voilà qu'on l'utilisait pour fermer, juger, classer. Madame Russo a même préferée mal voir le film, le comprendre de travers parfois, pour nourrir ses arguments…

Donc Merci mille fois à Jacob Habib d'avoir eu la patience de défendre le film de manière aussi circonstanciée. Même si je n'ai plus le courage de répondre à ces critiques de mauvaise foi, je tiens à dire que je suis entièrement solidaire de ces propos et de son analyse.

Et je suis assez contente de voir que ce film fait encore couler un peu d'encre.

Emmanuelle OHNIGUIAN

  Nouvel assaut de la police des mœurs, par Jacob Habib, un article de fond sur le film et sur les critiques qu'on a pu lui adresser : http://www.recalcitrance.com/policedesmoeurs.htm
   
Le making-off — les photos du tournage…
   
 
   
Le Sexe des morts

 

Un film d'Emmanuelle Ohniguian et Tobie Nathan (2002)