de Nathalie ZAJDE



Nathalie Zajde, Psychologue clinicienne,
maître de conférence à l’université de Paris-VIII

 

 

4ème de couverture

C’étaient de petits enfants juifs en France durant la guerre. Ils étaient destinés à périr dans les camps de la mort. Ils ont été cachés et miraculeusement sauvés. Quelles stratégies psychologiques ont-ils adoptées en réponse à l’injonction paradoxale qui leur était adressée : « Ne sois plus toi si tu veux être. Ne sois plus juif si tu veux rester en vie » ? Comment en sont-ils restés marqués ? Comment l’ont-ils dépassée ? Nathalie Zajde dessine ici le portrait d’une vingtaine de ces enfants cachés, anonymes ou célèbres, comme Boris Cyrulnik, Serge Klarsfeld, Saul Friedländer, André Glucksmann.

Ils ont tous développé une surprenante intelligence du monde et un amour de la vie. Ce livre montre qu’il est possible de surmonter les événements traumatiques vécus dans l’enfance à condition d’y puiser une force particulière et d’accepter de se penser dans sa singularité, à condition de ne pas faire comme si cela n’avait pas été.

Une leçon de psychologie du quotidien pour surmonter les difficultés de l’existence.
Nathalie Zajde est maître de conférences en psychologie à l’université Paris-VIII et travaille au centre Georges-Devereux, au sein de l’équipe d’ethnopsychiatrie du professeur Tobie Nathan. Elle a créé en France les premiers dispositifs de prise en charge psychologique des enfants cachés et descendants de survivants de la Shoah. Elle a notamment publié Enfants de survivants et Guérir de la Shoah.

 


Paris, Odile Jacob,
9 février 2012
   

Dans Libération du 16 juillet 2012, un article de Nathalie Zajde : "Soixante-dix ans après, la leçon de vie des enfants juifs de juillet 1942"

   
   
Un blog entièrement consacré aux enfants cachés
~ Témoignages, réflexions, publications, événements ~
 
Critiques
Une critique dans le Huffington Post
du 26 février 2012
 
"Paulette, Liliane... ces enfants cachés en France"
par Catherine Clément, philosophe et romancière
Ils ont changé de noms et de prénoms, ils ont appris à faire le signe de croix et comment suivre une messe, ils sont devenus de parfaits petits chrétiens et puis, la guerre finie, Adolf Hitler réduit en cendres, ils sont redevenus de petits juifs. Quand ils ont retrouvé leurs parents -pour ceux qui n'avaient pas été assassinés-, ce ne fut pas sans douleur. Jamais dans la joie simple. Certains sont très célèbres: Boris Cyrulnik, Serge Klarsfeld, André Glucksmann, ou encore Pavel Friedlander, changé en Paul-Henri Ferland, et devenu Saül Friedlander en Israël. Le plus illustre d'entre eux fut un nourrisson né en esclavage, condamné à mort par Pharaon, un bébé que sa mère confia aux eaux du Nil et qui fut recueilli par la princesse fille de Pharaon. L'Égyptienne lui donna un nom, Moïse, et l'éleva comme un prince.

Le petit juif caché devint le libérateur de son peuple, et tel fut souvent le moteur de ceux qu'on appelle les "enfants cachés" depuis leur première réunion internationale en 1991 à New-York. Ils eurent le don de la survie, et ils ont transformé la cruauté de leur enfance en force de résistance exceptionnelle.

Dans un livre absolument bouleversant, Les enfants cachés en France (Odile Jacob), Nathalie Zajde a recueilli leurs odyssées. Cette belle et blonde jeune femme est à l'origine des premiers dispositifs de prise en charge psychique des enfants cachés et descendants des survivants de la Shoah -je mentirais si je ne disais pas tout de suite que j'y ai reconnu bien des points de ma propre histoire. Tous ont été sauvés par des réseaux, soit des organisations de sauvetage des enfants juifs comme l'Œuvre de Secours à l'Enfance (OSE), Éclaireurs israélites de France, et de nombreuses familles d'accueil communistes, catholiques, protestantes qui cachèrent 60.000 enfants juifs -la France est le pays d'Europe qui sauva le plus grand nombre d'entre eux.
Bien sûr, dans le tas, on trouvera les catholiques cherchant des enfants juifs à convertir, comme il arriva dans la longue et pénible affaire des enfants Finaly, baptisés au mépris des règles théologiques catholiques, et longtemps dérobés aux survivants de leur famille. Et si ce ne fut pas le cas le plus fréquent, la friction entre la famille chrétienne protectrice et la famille juive retrouvée provoqua des traumatismes en cascade. Boris Cyrulnik le dit très clairement: "La fin de la guerre ne fut pas la fin du problème."

Paulette, par exemple. Elle a été cachée à 9 ans dans un village de résistants en Savoie. Jusque-là, elle vivait avec une grand-mère très pieuse et des parents communistes; élevée par sa grand-mère, elle n'avait parlé que le yiddish pendant sa petite enfance. On confia Paulette à "Mémé", une paysanne qui fit très attention à ne pas transformer cette enfant en parfaite petite catholique. L'histoire se joua à front renversé: en 1943, voyant ses camarades d'école préparer leur première communion (robe blanche longue, voile de mariée, cierge à la main), Paulette voulut faire de même. Mémé argumenta prudemment: mieux valait attendre le retour de ses parents. Désappointée, Paulette se consola avec son missel.
À la fin de la guerre, par un miracle rare, Paulette retrouva toute sa famille, et la fameuse grand-mère. Lorsque la vieille dame qui ne parlait que le yiddish aperçut le missel de Paulette, elle le lui arracha, le déchiqueta en criant "Tu n'es pas une goy !", et finalement, ô paradoxe, le brûla. Paulette souffrit, pleura, puis redevint une petite juive ashkénaze.

J'ai choisi l'une des belles histoires racontées par Nathalie Zajde. Paulette tomba amoureuse et partit en Israël, rendant visite à sa Mémé chaque année. Les deux familles continuent de voyager pour se rendre visite dans l'harmonie, et le portrait de Mémé en grand format fut le premier que l'on voyait dans l'exposition consacrée aux Justes de France sous la coupole du Panthéon.

Maintenant, un paradoxe. Liliane fut cachée dans une famille chrétienne résistante et retrouva elle aussi ses parents communistes. Dans les années 1950, Liliane tombe amoureuse d'un Malien Soninké, communiste musulman qu'elle épouse et qu'elle suit au Mali après la chute de la dictature. Ils ont trois enfants dont une fille, Myriam, qui porte le prénom de sa grand-mère gazée à Auschwitz. Au Mali, les enfants sont bien accueillis; la famille Soninké reconnaît un ancêtre dans chacun d'eux. Par commodité, Myriam devient Marième et faute de synagogue, Marième prie à la mosquée. Elle est devenue très croyante et porte le voile intégral, se définissant comme "une musulmane d'origine juive".

Voyons la suite. Marième est désormais fiancée à un Togolais chrétien et leurs enfants porteront des noms chrétiens, comme l'exige le peuple Ewé auquel appartient le fiancé. Cette admirable histoire a sa logique: élevée par des résistants puis par ses parents communistes, Liliane a été plus loin qu'eux, aimant un Africain marxiste et musulman. Myriam-Marième a connu les angoisses suicidaires des descendants de survivants et ne s'est rattrapée qu'en pratiquant l'islam, car il se trouve qu' elle vit "dans un monde où être juif n'a pas de sens."

D'autres récits sont atroces, haletants, pitoyables, mais tous témoignent de la force rageuse déployée par ces enfants que la persécution transforma de fond en comble pendant le temps de la guerre. Aux histoires superbement écrites par Nathalie Zajde, j'ajouterai La diagonale du rosier (éditions Studio graph), l'histoire du rabbin Micha König, dont le témoignage a été recueilli par Catherine Korenbaum dans le petit village angevin où il réside sur les bords de la Loire. Originaire d'une famille de Bucovine, Micha fut un enfant caché en Hollande chez Tante Cor (Cornélia Kloppenburg) et Ome Leen (Leendert Mostard,) qui l'aimèrent, qu'il aima, comme la plupart des enfants cachés. Micha dit simplement qu'il eut deux mères: sa "mère de guerre", Tante Cor, et sa "mère de sang" qu'il retrouva la guerre finie.

C'est terrible, voyez-vous, je n'ai pas pu me résoudre à raconter une histoire qui finit mal.
Catherine Clément

Catherine Clément
   
Une critique dans le Monde du 1er mars 2012

« Pourquoi ai-je survécu ? »

par Louis-Georges Tin

 

 
LE MONDE DES LIVRES | 01.03.12 | 10h17  

 

« On appelle « enfant caché » un survivant qui a, enfant, dû se cacher et dissimulerson identité afin d’échapper à l’arrestation, la déportation et l’extermination pendant la Shoah. Durant cette période, cet enfant a généralement été séparé de ses parents et du judaïsme. » Tels sont les premiers mots du livre remarquable de Nathalie Zajde, maîtresse de conférences en psychologie à Paris-VIII : Les Enfants cachés en France. Après la guerre, on négligea les souffrances psychologiques de ces jeunes, qui paraissaient peu importantes au regard de la situation des déportés. Ces enfants eux-mêmes, par humilité, pendant longtemps, gardèrent le silence sur les cauchemars récurrents, les angoisses profondes, les phobies des séparations, des halls de gare, qu’ils partageaient sans le savoir.

Aujourd’hui encore, en France, vivent près de 20 000 « enfants cachés ». Les nazis ont exterminé 1,5 million d’enfants juifs, comme l’indique l’auteur – un chiffre qu’on ne rappelle pas assez. Parmi ces enfants cachés figurent des personnalités comme Serge Klarsfeld, Boris Cyrulnik, André Glucksmann, et bien d’autres, qui eurent dans leur malheur beaucoup de chance et de courage. Cependant, nombreux sont ceux qui, après 1945, se demandaient encore : « Pourquoi ai-je survécu ? » Nathalie Zajde évoque ainsi, au fil des pages, ces histoires singulières, tout en montrant les situations récurrentes, et les conséquences psychiques qui en découlent. La méthode est simple et, l’émotion n’étant pas l’ennemie de la raison, aboutit à un livre intelligent et bouleversant.

Mais le plus troublant ne réside pas dans les pages consacrées au conflit car, comme l’explique Boris Cyrulnik, « la fin de la guerre ne fut pas la fin du problème » : après 1945, certains de ces enfants tentèrent de reconstruire leur identité juive, dans un contexte peu favorable ; d’autres furent poussés à l’assimilation, c’est-à-dire au renoncement à soi-même.

Modèle social et culturel
Emblématique, à cet égard, est la trajectoire de la philosophe Sarah Kofman. Son père, juif polonais, s’était sacrifié pour sauver sa famille. La petite fille, née en 1934, fut placée chez « Mémé », femme gaulliste, chrétienne, accueillante et banalement antisémite ; dès lors, Sarah dut s’assimiler à la culture française : « Elle voulut rompre avec son passé, sa fratrie. Elle oublia son père ; elle ne parlait plus le yiddish. » Elle devint une intellectuelle de renom, une « parfaite Française ». Mais finalement elle eut honte d’avoir eu honte. En 1994, elle publia une autobiographie, révéla son histoire… et mit fin à ses jours.

« On cherchait alors à rebâtir une société où chaque citoyen était identique au voisin, où toute distinction était douteuse », écrit Nathalie Zajde. L’identité juive de ces enfants, que les nazis voulaient détruire, n’était pas pour autant acceptée par la France d’après-guerre, dans sa logique d’ »assimilation » républicaine. A travers ce livre très profond, on le comprend peu à peu, l’auteur n’évoque pas seulement la situation terrifiante de ces enfants pendant la Shoah. En des termes très délicats, Nathalie Zajde nous parle aussi de notre modèle social et culturel d’après-guerre, de notre modèle d’intégration et d’assimilation, dans sa violence euphémisée, dans sa violence banalisée.

LES ENFANTS CACHÉS EN FRANCE de Nathalie Zajde. Odile Jacob, 254 p., 21,90 €.


Louis-Georges Tin


Louis-Georges Tin
 
Une Critique dans La Croix du 14 mars 2012

« Ne sois plus toi, si tu veux être »

par MARIE AUFFRET-PERICONE

 

à propos du livre LES ENFANTS CACHÉS EN FRANCE de Nathalie Zajde — Odile Jacob, 254 p., 21,90 €


Ils ont dû changer de noms et de prénoms, souvent appris à faire le signede la croix et à réciter « Je vous salue Marie ». La guerre finie, ils ont – parfois – retrouvé leurs parents ou des membres de leur famille. On leur a alors demande de changer une nouvelle fois de nom et de religion. Mais pour ces enfants, la question de l’identité n’a jamais cessé dè se poser, comme nous le montre la lumineuse Nathalie Zajde, auteur des Enfants caches en France, qui vient de paraître aux Éditions Odile Jacob. Quelle stratégie ces enfa n t s ont-ils été contraints d’adopter, en réponse à l’obligation paradoxale qu’ils devaient respecter au péril de leur vie : « Ne sois plus toi, si tu veux être. Ne sois plus juif, si tu veux rester en vie » ? Pendant longtemps, ” – on ne s’intéressa guère aux souffrances de ces enfants cachés : les Juifs qui avaient survécu sans être déportés n’étaient pas considérés comme victimes de traumatismes. L’auteur, dans son ouvrage, brosse le portrait de ces enfants anonymes qui sont parfois devenus célèbres à travers des récits de vie d’une grande force émotionnelle. Boris Cyrulnik, Serge Klarsfeld, André Glucksmann, Saul Friedlànder… « Ils ont tous développé une intelligence du monde, un amour de la vie, comme s’ils voulaient prouver que la mort avait eu raison de les épargner », explique la psychologue, maître de conférence en psychologie à l’université Paris VIII.

Comme s’ils devaient chaque jour répondre à la question « Pourquoi ai-je survécu ? ». Dans le livre de Nathalie Zajde, ces histoires de destins tragiques et extraordinaires se superposent à la grande Histoire. Aujourd’hui, près de 20 DOO anciens enfants cachés vivent encore en France – l’auteur continue à recueillir leurs témoignages sur son blog -, sauvés par des réseaux et des familles qui cachèrent 60 000 d’entre eux. « La France est le pays d’Europe qui sauva le plus grand nombre d’enfants juifs », observe Nathalie Zajde. Des enfants qui en grandissant ont souvent tu leurs cauchemars, phobies de séparations, de halls des gares, leurs angoisses profondes et rages enfouies qu’ils partageaient et avaient la même cause. Et qu’ils ont parfois transmis à leurs propres enfants. Comme le dit Boris Cyrulnik, « la fin de la guerre ne fut pas la fin du problème ».


Marie Auffret-Pericone
   
   
about me  

Je m’appelle Nathalie Zajde. Zajde (qu’on prononce zaïdé en yiddish) veut dire “grand-père”. En Pologne, on donnait ce prénom à des garçons juifs qui naissaient à la suite de plusieurs enfants morts, comme pour dire aux anges de la mort attirés par les nourrissons “cet enfant est un vieux, il n’est pas intéressant, laissez-le, passez votre chemin…”. Je suis née en France au début des années 1960 de parents qui avaient, enfants, miraculeusement survécu à la Shoah. Mon père a échappé à la rafle du Vel d’ hiv grâce à la présence de sa petite soeur, Annette, nourrisson à l’époque. Après quoi, il fut de suite caché en Normandie, chez des paysans bienveillants, les Richard. Ma mère eut moins de chance, et fut placée dans un orphelinat catholique en région parisienne dirigé par des soeurs hostiles. Elle fut humiliée, maltraitée et elle eut faim. Le seul bon souvenir, aime-t-elle à raconter sur un ton espiègle, c’est son baptême à la chapelle de l’hôpital Necker, à cause des dragées auxquelles elle eut droit. Je crois que cette enfance, faite de bouleversements radicaux, de ruptures et d’incompréhensions, a, quant au fond, profondément marqué mes parents et fait d’eux ce qu’ils sont, des êtres trop sensibles, malgré ce que la vie leur a, par la suite, réservé de meilleur. Leur famille venait de Pologne. Leurs parents avaient émigré à Paris au tout début des années 1930. La guerre, les lois antisémites, la chasse aux juifs, les ont pris au dépourvu. Le père de mon père, Moishé Zajde fut déporté de Drancy le 22 juin 1942 par le convoi n° 3 et assassiné à Auschwitz – un déporté qui est revenu a raconté qu’il n’en pouvait plus et s’est suicidé en se jettant sur les fils barbelés du camp.

La mère de ma mère, Sura Rozenberg née Szryft fut déportée à Auschwitz le 27 juillet 1942 par le convoi n° 11 et n’est jamais revenue. Comme 20 000 autres enfants juifs de France, mes parents sont restés des orphelins de la Shoah. Après la guerre, ils ont grandi et fait leur vie dans une France libre, en paix et surtout en plein essor. J’ai grandi dans une famille adaptée à son époque, tournée vers l’avenir, impliquée dans l’évolution de la société à laquelle elle appartenait, souhaitant le meilleur pour l’humanité entière, même si cette expression relève plus de l’idéologie que d’une réalité à bâtir. J’ai suivi des études de psychologie clinique. Mon diplôme de psychologue clinicienne en poche, je suis partie quelques mois à UCLA aux USA, histoire de me changer les idées. C’est là, pour la première fois, lors de mon stage dans le service de thérapie familiale du Cedar Sinaï Hospital de Los Angeles que j’ai pour la première fois entendu parler du “syndrome des survivants des camps de concentration nazis” et de sa “transmission à la génération suivante”. En France, nous avions la troisième plus grande communauté de survivants au monde, nous avions une importante représentation de cette population au sein des différents instituts et corporations de psys en tout genre, mais personne ne parlait jamais de cela. Je suis rentrée à Paris et ai débuté mes travaux de recherche dans l’équipe d’ethnopsychiatrie de Tobie Nathan. Nous avons créé au sein de l’équipe d’ethnopsychiatrie les premiers groupes de parole de survivants et de descendants de survivants de la Shoah en France. J’ai soutenu mon doctorat de psychologie en Janvier 1993 à l’université de Paris 8 Vincennes Saint-Denis sur “La transmission du traumatisme chez les descendants de l’holocauste nazi”. Le jury était composé des Pr. Tobie Nathan, Pr. Léon Poliakov, Pr. Boris Cyrulnik et Pr. Serban Ionescu. La salle de soutenance était pleine à craquer, pleine de survivants, d’enfants cachés, d’enfants de survivants, de parents, de collègues, d’amis et d’étudiants. C’était la première thèse en France sur cette question; c’était également la première soutenance de thèse en psychologie clinique à laquelle assistaient les sujets de la thèse.

Si je peux affirmer sans aucun doute que le vécu de mes parents et les drames que connurent leurs parents et leur famille ont été déterminants dans leur existence, je suis persuadée que cela constitue également pour moi, pourtant née longtemps après le terrifiant tumulte, une préoccupation permanente, un moteur essentiel de ce que je suis et de ce que je fais. Sans doute est-ce pourquoi je milite, avec les moyens qui sont les miens – les moyens d’une psychologue – pour que les traumatismes deviennent des forces, pour que les victimes ne restent pas définies par leurs bourreaux, pour que ce qui a été raflée – l’âme des enfants juifs – leur soit rendu chaque jour quand se fait la lumière.


Nathalie Zajde, Maître de Conférences en psychologie à l’Université de Paris 8, a créé, il y a une quinzaine d’années, les premiers groupes de parole de survivants et d’enfants de victimes de la Shoah en France. Elle a publié en 1993, un premier ouvrage « souffle sur tous ces morts et qu’ils vivent » — réédité en 1995 et en 2005 chez Odile Jacob- sous le titre « Enfant de survivants » — dans lequel elle dresse le portrait fidèle de la génération des survivants et des enfants de survivants.


Nathalie Zajde
     
     
 

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