Les vétérans des guerres perdues — contraintes et métamorphoses

TEXTE PARU DANS LA REVUE COMMUNICATIONS, NUMERO 70, 2000. THEME DU NUMERO: "SEUILS, PASSAGES".

 

par Françoise Sironi, psychologue clinicienne, maître de conférences de psychologie clinique, Centre Georges Devereux, Université de Paris 8

ARGUMENT clic PRESENTATION DE LA MISSION FRANCO-RUSSE. clic PREMIER PASSAGE. L'IMMERSION BRUTALE DANS LA GUERRE. clic L'organisation délibérée de la frayeur. clic L'attaque et la dévitalisation des objets de l'ennemi. clic DEUXIEME PASSAGE. SORTIR DE LA GUERRE clic TROSIEME PASSAGE. REINTEGRER LE MONDE CIVIL. clic Illustration. Youri et la mafia russe. clic Illustration. Mode de fonctionnement de l'association Opora. clic CONCLUSION. LA NEGOCIATION DES MONDES. clic BIBLIOGRAPHIE clic

 

 

 

 

 

"Les dieux viennent aux hommes par des voix étranges et difficiles à reconnaître. Ils accomplissent bien des choses qui paraissent sans espoir. Et ce qui était attendu trouve une tout autre issue".

Euripide : Les Bacchantes

 

 

 

Comment entre-t-on dans la guerre quand rien ne vous destine à la faire? Et comment en sortir quand elle a fait de vous un guerrier? Autant le dire tout de suite, entrer et sortir de la guerre, cela ne va pas de soi.

 

 

 

ARGUMENT

L'Indochine, l'Algérie et le Vietnam hier, l'ex-Yougoslavie, le Rwanda et la Tchéchénie aujourd'hui viennent nous rappeler, au quotidien, que la guerre est un sujet éminemment contemporain. La société civile croyait fortement à l'idée qu'après le dernier conflit mondial, après Auschwitz et Hiroshima, la guerre serait à jamais bannie. Il n'en fut rien. Les troubles psychopathologiques que présentent les anciens combattants m'ont contrainte, en tant que psychologue et psychothérapeute, à penser la guerre. Les patients que j'ai été amenée à voir m'ont obligée à penser un type de guerre bien précis: les guerres "perdues".

Trois éléments ont une importance fondamentale quant à la compréhension et au traitement psychologique des désordres liés aux expériences de guerre perdues:

1. Lorsque le passage d'un état à un autre, à savoir le passage du monde civil à la vie guerrière d'une part et le passage du retour du monde de la guerre à celui de la société civile d'autre part, n'est pas délibérément pensé et organisé, il peut en résulter une psychopathologie spécifique, capable de rejaillir sur la société civile toute entière.

2. Les troubles psychologiques qui apparaissent au retour des guerres perdues ont toujours été considérés comme étant des conséquences de guerres. Or cette proposition n'est vraie qu'en partie. Il existe un type d'événement que les cliniciens n'ont pas mis en avant dans la psychopathologie des vétérans de guerres perdues: l'impact du passage non pensé et non organisé de la vie combattante à la vie civile.

3. Enfin, le concept de "guerre perdue" mérite d'être détaché et considéré per sè par les cliniciens, d'une part parce qu'il entraîne un vécu et une souffrance psychologique spécifique parmi les anciens combattants, d'autre part parce que ce type d'expérience a un impact réel sur la vie collective au travers de la marginalisation et de la radicalisation d'un grand nombre d'entre eux qui s'engagent dans des combats politiques sous-marins, extrémistes.

 

Pour illustrer toute l'importance du passage, chez les combattants, d'un état de guerre à la vie civile, je m'appuierai sur une réalisation insolite à laquelle j'ai contribué en tant que psychologue, psychothérapeute et chercheur en ethnopsychiatrie: la création d'un centre de réhabilitation pour les vétérans russes revenus traumatisés de la guerre d'Afghanistan. Ce centre a été crée dans la ville et l'Oblast (région) de Perm, située dans l'Oural, à 1200 kilomètres au nord-est de Moscou [1] .

 

 

PRESENTATION DE LA MISSION FRANCO-RUSSE.

La mise en place d'un centre de réhabilitation pour les vétérans russes de la guerre d'Afghanistan à Perm (Oural, Russie) a vu le jour à la demande d'une association de vétérans russes de la guerre d'Afghanistan, l'Association Opora [2] . Cette réalisation collective a réuni deux autres collègues français, Nathalie Monbet-Marijon[3] et Yves Grandbesançon[4] et nos collègues russes, Sergueï Goubine[5] , Sergueï Markhov[6], Vladislav Firsov[7], Irina Poussenkova[8] et Vadim Lebedev[9]. Ce projet a été financé par l'Union Européenne et a porté la fois sur la création du centre et sur la formation des cliniciens à la prise en charge psychologique et médicale des invalides et des traumatisés de guerre. Le partenariat franco-russe a duré deux ans (1996-1998), à raison de six missions de formation de dix jours à Perm pour les thérapeutes français[10]. Ce projet s'est conclu par le voyage en France des partenaires russes (vétérans et thérapeutes) venus présenter leur travail en septembre 1998.

C'est l'approche ethnopsychiatrique telle qu'elle a été élaborée par Tobie Nathan et telle que nous la pratiquons au centre Georges Devereux. qui a été utilisée pour réaliser le travail clinique, thérapeutique et la formation de l'équipe soignante. Présentée brièvement, l'ethnopsychiatrie est :

- Une discipline qui se propose d'étudier tous les systèmes de soins traitant de ce que nous appelons des "désordres psychiques"[11]. Les points d'observation principaux sont les actes du thérapeute, ses théories, ses outils,…

- Une méthodologie d'approche qui consiste à ne discréditer aucun système de soin, à ne pas désavouer la "vérité" du patient, et à ne pas produire de discours sans participation des patients ou des populations concernées "objets de discours" à l'élaboration de ce discours. Les patients (grâce à la présence de médiateurs culturels) sont mis en position "d'experts de leur monde" capables de rendre compte des coutumes, traditions, et modes de penser le désordre.

PREMIER PASSAGE. L'IMMERSION BRUTALE DANS LA GUERRE.

"Nous étions très vite plongés dans la logique de guerre" témoigne Sergueï Goubine, Président de l'Association Opora, "A savoir soit tu tues, soit tu me tues".

Un clinicien est-il armé pour travailler ce type de situations? Certes non, étant donné que la "Psychologie du Mal" n'est pas encore une discipline enseignée à l'Université. Or il paraît totalement nécessaire, compte-tenu du contexte actuel, de penser la guerre, les problèmes qui en découlent et les modes de traitement adaptés aux souffrances et aux séquelles psychologiques de ceux qui l'ont subie comme de ceux qui l'ont faite.

En théoricien de l'action qu'il était, Carl von Clausewitz refusa de considérer la guerre comme un mythe, comme un lieu de grande gloire ou d'horreur énigmatique [13]. La guerre est plus un sujet d'émotion qu'un objet de recherche. Autrement dit la guerre est crainte, jamais comprise. Comme nous le rappelle Roger-Pol Droit dans sa "Chronique" du journal Le Monde, "Stratèges et tacticiens, de la Chine à l'Europe, ont scruté les batailles, discerné les grands cas de figure, formulé des principes…..Comment opérer le partage entre les constantes générales — permettant de parler de la guerre presque sans mentionner ni temps, ni lieux, ni techniques, ni contextes — et les ruptures incessantes introduites dans les genres de conflits par les nouvelles armes, les nouvelles tactiques, les nouvelles donnes géo-politiques? [14]".

Penser la guerre est devenu nécessaire pour les chercheurs et cliniciens que nous sommes, non pour la prôner mais pour pouvoir mieux traiter les victimes[15] et pour mettre à jour les mécanismes psychologiques qui sous-tendent l'action des combattants[16]. Nous devons, en tant que cliniciens, définir non seulement les invariants liés à cette expérience de guerre, mais également et obligatoirement la spécificité des contextes dans lesquels les guerres apparaissent. L'exercice paraît inhabituel pour des psychothérapeutes traitant des patients mais la psychologie individuelle n'a pas à être séparée de l'histoire collective, quand il s'agit de populations qui ont connu la guerre.

Traiter des appelés, revenus invalides ou psychiquement traumatisés d'Afghanistan, n'est possible qu'a condition de contextualiser les troubles. La guerre d'Afghanistan a duré dix ans (1979-1989). Près d'un demi-million de soldats soviétiques, en grande majorité des appelés du contingent, y ont participés. Dans la région de Perm, 5000 jeunes gens ont été appelés pour combattre en Afghanistan. La plupart d'entre eux, du moins au début de la guerre, n'étaient informés QUE trois heures avant l'atterrissage des avions militaires dans lesquels ils avaient été embarqués, qu'ils allaient combattre en Afghanistan.

 

L'organisation délibérée de la frayeur.

Replacée dans le contexte de l'ex-Union Soviétique, cette guerre était considérée par les soviétiques comme un devoir humanitaire. Tous les vétérans en parlent encore de la sorte. Ils disent avoir combattu pour secourir un peuple frère (le régime communiste de Kaboul), menacé de l'intérieur par des chefs de clans islamistes, armés et soutenus par les Américains. Sous couvert de libérer l'Afghanistan du joug communiste, ces chefs de clan ne rêvaient que d'une seule chose: instaurer un régime islamiste à Kaboul (sic).

Les vétérans que nous avons rencontrés à Perm étaient pour la plupart d'entre eux affectés au corps d'armée des éclaireurs, à celui des parachutistes et a des unités commandos. Ils étaient donc directement confrontés à l'ennemi et placés en première ligne lors des combats. Ce fait a son importance: les vétérans que nous avons vu vivaient en permanence en Afghanistan, dans l'idée de la mort. En moyenne, ils y sont restés deux ans. Ceux qui ont commencé à accomplir leur service militaire avant d'être envoyé en Afghanistan, ont tous servi, avant, dans les corps d'armée affectés aux frontières, principalement avec la Chine. La fonction de sentinelle est très particulière. Elle fait de vous le gardien du seuil. De ce fait, elle requiert des compétences spécifiques: grande capacité de concentration au-delà des limites humaines habituelles, auto-discipline drastique pour ne pas laisser les nerfs prendre le pas sur les sens, et risquer soit de déclencher une fausse alerte soit de ne pas voir le danger arriver.

Quand on est jeune appelé soviétique à l'époque de la guerre d'Afghanistan, la première frayeur est d'abord occasionnée par l'entrée dans l'Armée Rouge. L'emploi de techniques traumatiques, sous la forme d'un bizutage drastique était systématique. Le "bizutage" était consitué d' humiliations, de corvées pénibles n'ayant aucun sens à priori, d'ingestion forcée d'aliments non-comestibles. Il est organisé par des aînés et dure en moyenne trois mois. Authentique rite de passage, le bizutage de l'Armée Rouge est redoutable et redouté de tous. Ce fait n'est absolument pas démenti par les responsables militaires que nous avons rencontré à Perm. Ils y voient une épreuve nécessaire par laquelle tout jeune soviétique devait passer[17].

L'entrée dans la guerre se faisait également de manière traumatique. Les appelés se trouvaient de plein pied dans la logique de guerre: tuer ou être tué. Le danger était partout, à l'extérieur (l'ennemi) comme à l'intérieur des troupes. En effet, les bataillons étaient délibérément mélangés, les appartenances ethniques et culturelles étaient volontairement hétéroclites et multiples afin de désaffilier l'appelé de son appartenance à une république, à une terre d'origine et de renforcer de ce fait le sentiment d'appartenance à l'Armée Rouge. Les bataillons étaient composites: Tatars, Ukrainiens, Moscovites, Ouzbeks, Biélorusses, tous combattaient dans la même unité, tous combattaient au nom de l'Union Soviétique. Dans la guerre en général, le combattant subit un processus de "décomplexification" des mondes qui l'habitent (appartenances sociale, religieuse, ethnique, politique,…). En réponse à ce procédé délibérément pensé, et toujours sur un mode traumatique, des viols étaient systématiquement commis à la fois pour délimiter les appartenances et pour effectuer un "marquage" traumatique. Parmi les vétérans que j'ai rencontré à Perm, certains ont été violé par des aînés appartenant à des bataillons non-russes mais faisant partie de l'Armée Rouge (Ouzbeks, Tchéchènes, Azéris,….). Ceci avait pour effet d'instaurer la frayeur permanente, l'idée d'impureté et l'idée d'être dans un univers hors du commun, régi par des règles qui n'ont pas cours dans la vie civile, là-bas, dans leur ville natale, à des milliers de kilomètres de Kaboul.

 

L'attaque et la dévitalisation des objets de l'ennemi.

C'est la nature de l'ennemi qui fabrique le guerrier. Plus précisément, se sont les objets[18] de l'ennemi qui fondent la puissance du combattant. La dévitalisation des objets de l'ennemi est une contrainte inhérente à la logique de guerre. Par conséquent les objets qui sont ciblés doivent systématiquement être explorés par les cliniciens traitant de traumatismes de guerre. Ces objets viennent signifier l'appartenance à un groupe. Ce sont généralement la terre (le fameux "Champ des Merles" au Kosovo, considéré comme berceau des Serbes[19] ), le verbe au travers d'idéologies et de techniques de propagandes très efficaces, l'utérus des femmes, les religieux et les objets de culte,…[20].

Les domaines qui doivent nécessairement être pris en compte sont: les épreuves drastiques délibérément organisées en rite de passage pour entrer dans l'Armée Rouge, le corps d'armée dans lequel combattaient les vétérans, le type d'armes qu'ils utilisaient, la nature des combats, les modes de contact avec l'ennemi (combats de terre, combats aériens,…), la nature des effrayeurs (aînés au sein du corps d'armée, ennemis,…). Ce sont ces expériences-là qui vont déterminer la nature de la souffrance au sortir des guerres[21].

Voyons maintenant comment sortir d'une guerre qui a fait de vous un guerrier.

 

DEUXIEME PASSAGE. SORTIR DE LA GUERRE

La prise en compte de l'articulation entre histoire singulière et histoire collective est, je le rappelle, fondamentale dans la psychologie des personnes en général. Mais elle l'est encore davantage chez ceux qui ont connu des expériences de vie, dites "hors du commun" telles que les guerres, les catastrophes naturelles ou les traumatismes délibérément induits par l'homme, les tortures, …

Aujourd'hui âgés de trente à quarante cinq ans, les vétérans de la guerre d'Afghanistan sont tous, sans exception, fortement marqués par cette guerre. Certains souffrent de traumatisme psychique, d'autres sont mutilés de guerre. Mais ils disent tous :" Je ne suis pas malade. Je ne suis pas fou. Avant l'Afghanistan, tout allait bien. C'est la guerre qui m'a transformé". Si les anciens combattants ne sont pas malades, ils portent néanmoins en eux les marques traumatiques de la guerre et de leur passage dans l'Armée Rouge. La plupart du temps, les troubles psychologiques présents chez les vétérans de guerre sont les cauchemars répétitifs des situations de guerre, les troubles du sommeil, les rêves prémonitoires, l'hyper-vigilance, la méfiance, les palpitations et sueurs froides, les troubles de la mémoire et de la concentration, une violence incontrôlée dirigée contre l'entourage ou contre eux-mêmes, un alcoolisme massif, un profond sentiment de modification de la personnalité. Les blessés et invalides de guerre ont, quant à eux, passé entre trois et cinq ans après la guerre, dans divers hôpitaux des républiques soviétiques du Sud et dans les centres de rééducation des ex-pays de l'Est. Ce sont, pour la plupart des poly-opérés, autant marqués par un long et douloureux parcours médical que par la guerre elle-même. "J'ai été refabriqué, morceau par morceau, par la médecine" témoigne un vétéran invalide.

Quel sens donner à cette expérience paradoxale de la poursuite de la guerre, pour ces patients, alors qu'elle est finie depuis dix ans, pour la société civile?

Je partage l'idée de Tobie Nathan selon laquelle un traumatisme est pathologique lorsqu'il n'a pas abouti à une métamorphose[22]. La guerre modifie radicalement certaines personnes. L'expérience de guerre est un temps "zéro" et les troubles psychiques présents au sortir des guerres viennent indiquer que la véritable nature des vétérans ne leur est pas encore révélée ou qu'elle ne leur a été révélée que partiellement. Ils doivent renaître. Alors l'alcool, les rêves prémonitoires apparus depuis la guerre, les modifications psychiques ou physiques, l'apparition d'une nouvelle vision du monde, voire d'une nouvelle philosophie de l'existence sont autant de signes de cette contrainte à la métamorphose, à la renaissance. Beaucoup de vétérans deviennent instructeurs auprès de jeunes (dans le sport, notamment), enseignants, pédagogues, protecteurs ou gardiens (agents de sécurité), créateurs d'entreprise,…Certains trouvent dans la religion orthodoxe ou dans des groupes charismatiques un nouveau sens à leur existence.

"Il faut refaire les mentalités quand on revient de là-bas" disait un autre vétéran. Tel est assurément la philosophie sous-jacente à l'approche thérapeutique du centre de réhabilitation de Perm. Le travail psychothérapique est envisagé comme un passage, un temps et un lieu qui leur permettent de renaître. C'est pourquoi il nous a paru nécessaire d'organiser les consultations psychologiques en groupe. Les vétérans suivis au centre Opora à Perm viennent seuls ou accompagnés de leur famille. Ils sont reçus par une assemblée de thérapeutes composée d'une psychologue, de psychologues stagiaires, d'un médecin, d'un sociologue et quelques fois d'invités de passage. Les vétérans qui travaillent au centre connaissent la plupart des patients qui viennent consulter. Le cadre est souple et adaptable à chaque situation. Il nous est arrivé d'organiser des consultations en public, en plein air, ou lors d'une fête organisée par une association de vétérans.

"Les problèmes de l'âme n'intéressent pas l'association étatique des vétérans" regrette un vétéran. Ceci n'est plus vrai aujourd'hui. Depuis que le centre de réhabilitation a ouvert ses portes, tout un chemin a été fait dans la société civile de la région de Perm pour la re-connaissance de ceux qui ont fait cette guerre perdue pour l'ex Union Soviétique.

Le thérapeute qui travaille avec des vétérans de guerre a aussi pour fonction d'articuler le passé avec le présent, tant dans les histoires singulières que dans l'histoire collective. C'est à ce troisième passage, le plus important des passages qu'ont à faire les vétérans, que j'accorde toute mon attention. C'est celui-là que nous n'avons pas encore pu faire dans l'histoire collective de la France, avec les anciens des guerres "perdues" d'Indochine et d'Algérie.

 

 

TROSIEME PASSAGE. REINTEGRER LE MONDE CIVIL.

Youri :"Ma famille, mes amis ne me comprennent pas. Et moi aussi je ne les comprend plus. J'ai l'impression d'être à part. Je n'arrive pas à être bien avec eux. Il faut que je m'engueule, ou qu'on me foute la paix" .

Vladimir :"Le plus difficile, ce n'est pas la transformation de la santé physique. Le plus difficile c'est la transformation de la conscience ". Vladimir est un vétéran devenu aveugle suite à un éclat de bombe. Il a tenu à déposer son témoignage filmé au centre de réhabilitation de Perm. Il voulait raconter son histoire de vétéran dans ce centre fait pour les vétérans. Pour Vladimir, laisser son histoire au centre c'est comme poser une pierre de fondation dans un lieu en construction. "Je crois que je m'en suis sorti. Les autres, je crois qu'ils ne comprennent pas que l'état russe a changé. Avant la guerre, on nous a inculqué des idéaux qui fondaient à vue d'œil. Cela demande une transformation importante. La plupart d'entre ceux qui sont revenus d'Afghanistan sont désorientés. Ils sont suspendus".

Lorsque des vétérans de guerres perdues ne peuvent bénéficier d'aucun suivi psychologique à leur retour, du fait de la chape de plomb qui s'abat sur ce type de conflits, ils constituent de véritables bombes dans la société civile. Les vétérans des guerres "perdues" vivent une expérience de "transvaluation", c'est à dire de transformation des valeurs. "Leur guerre" devient une "sale guerre", les codes en vigueur dans la guerre sont bannis dans la société civile. On leur demande de s'intégrer, de prendre une place. Mais cela ne va pas de soi. Les noms des états changent, mais les combattants restent, comme un souvenir vivant de l'histoire d'un peuple. Quand on a "fait" une guerre "perdue", se figer en mausolée vivant est une tentation permanente. C'est "l'ennemi" contre lequel le thérapeute doit se battre quand il a en charge des vétérans de guerres perdues. La contrainte à la métamorphose est vouée à l'échec quand le passage n'est pas pensé, quand il n'est pas organisé. Ayant échoué, certains "récalcitrants" à la contrainte logique à la métamorphose se rigidifient et s'engagent dans des mouvements où ils ne sont pas obligés à se modifier pour des raisons intrinsèques au processus qui les a fabriqué.

Ceci explique certainement pourquoi la moitié du contingent national des Afghanse, comme ils se nomment eux-mêmes, se sont portés volontaires pour aller combattre en Tchétchénie ou rejoindre les combattants d'autres guerres à travers le monde.

Ceci explique aussi pourquoi beaucoup d'Afghanse rejoignent des groupes mafieux ou délinquants. Ils se considèrent comme définitivement à part, inadaptés à la société civile car non doués pour la métamorphose "sauvage", c'est à dire non ritualisée. Les seuls lieux où ils vont se sentir adaptés ce sont les lieux de marge et de rupture avec la société civile.

 

Illustration. Youri et la mafia russe.

Youri est un vétéran d'une trentaine d'année qui vient consulter au centre, pour la première fois, lorsque nous sommes en mission à Perm. Quand il entre dans la salle de consultation, il a l'ai grave. Après les présentations d'usage, il continue d'avoir l'air grave. Il dévisage l'assemblée d'un œil interrogateur. En fait, il la jauge. Il triture nerveusement sa chapka et ses énormes gants de peau avant de nous dire la chose suivante: "En fait, ma démarche doit vous sembler inhabituelle. Je n'ai pas de problèmes psychologiques. Mais j'ai des doutes, des questions et une obsession: tuer. J'ai peur de céder à cette envie, et c'est pour ça que je viens vous voir. J'ai peur d'entrer dans la mafia et de devenir tueur à gage. J'ai déjà été approché, par un Afghanse qui était dans le même bataillon que moi. Vous comprenez, je n'ai pas de travail, pas d'argent, la vie est dure. C'est vrai que c'est tentant, mais j'hésite vraiment… En fait je n'ai aucune envie d'y aller et ce serait une illusion que de croire que cela résoudrait tous mes problèmes".

Au seuil, entre deux changements de régimes, s'est mis en place un peu partout en Russie des formes de sociétés parallèles obéissant à des règles qui ne sont pas les règles habituelles. On y retrouve néanmoins ce qui caractérisait la vie militaire dans les unités combattantes: la hiérarchie, la ritualisation de la vie, le danger, le "caché".

Dans la région de Perm, la mafia est apparue au moment du passage du système économique et politique de type communiste au type libéral. La nouvelle économie allait générer un nouveau type de monde[23]. L'état russe a indirectement favorisé le fait que les Afghanse se retrouvent dans des organisations mafieuses de commerce en instaurant une règle ayant pour but de favoriser la libre entreprise des vétérans: les activités commerciales de ceux-ci n'étaient pas soumis à l'impôt. Ceci explique pourquoi beaucoup d'Afghanse se sont lancés dans des activités commerciales. Mais du coup, ces activités devenaient un objet de convoitise pour les groupes mafieux qui y voyaient le moyen de faire de substantiels bénéfices.

Toutes les associations de vétérans de la guerre d'Afghanistan ne sont pas de nature mafieuse. L'isolement, le fonctionnement "à part" fait le terreau des organisations mafieuses. Pour y échapper, il convient d'inscrire les associations dans le réseau social ambiant. C'est une contrainte, la encore de nature logique.

 

Illustration. Mode de fonctionnement de l'association Opora.

Voilà dix ans que cette guerre s'est terminée. Au sortir de la guerre, rien n'était prévu par les pouvoirs publics, pour venir en aide aux vétérans de cette guerre perdue. Déçus par l'association officielle des vétérans jugée trop "paperassière", déçus par le fait que la Russie (communiste au début de la guerre et libérale lorsque qu'elle a pris fin) cherchait à faire oublier cette guerre, alors que eux, les vétérans, y ont laissé leur jambe ou leur raison, ceux-ci[24] décidèrent de créer, en 1993, une association privée, l'Association Opora. Dynamique et originale, cette association réunissait des vétérans, invalides pour la plupart, qui souhaitaient pourvoir eux-mêmes à leurs besoins et trouver une place dans la nouvelle société russe. Ils étaient, en quelque sorte, les pionniers de l'entreprise privée en Russie. Opora regroupe des petites entreprises dirigées par des vétérans de guerre, dans lesquelles travaillent des invalides. Autonomes, ces petites entreprises exercent leur activité dans divers domaines, principalement dans le commerce et le transport. Une part des bénéfices de chacune est destinée à l'aide sociale, médicale et psychologique des vétérans traumatisés ou invalides de guerre.

A Perm, le centre de réhabilitation est un des points significatifs d'un réseau dense et multiple que nous avons contribué à solidifier, à étendre et à diversifier. Ceci a été réalisé au travers de nombreuses rencontres "stratégiques" avant et après les consultations cliniques. Cette manière de procéder répondait à l'un de nos objectifs "thérapeutiques" majeurs: inscrire la problématique des vétérans dans le tissu social. Il ne sert à rien de monter un centre de réhabilitation s'il est coupé des forces vives, de forces nourricières que sont devenus tous les membres du réseau qui existent maintenant autour de cette unité clinique. La "thérapie" a eu lieu à l'échelle d'un Oblast (d'une région). Elle devait passer par l'instauration minutieuse et déterminée d'un tissu solide de liens, contraignant les associations d'anciens combattants à effracter les parois étanches de leurs associations pour se "mélanger" au tissu social civil (services sociaux, mairies, hôpitaux, associations diverses, gens du quartier,…), ce qu'ils n'avaient pas l'habitude de faire jusqu'alors. C'était une façon d'agir sur la compulsion à rester entre soi, a obstinément se persuader qu'ils étaient à part. En agissant de la sorte, ils ont à nouveau été "complexifié", à savoir replacés dans une multitude de réseaux.

Au sortir des guerres, l'Etat demande aux vétérans de se transformer. Mais l'Etat, lui, ne se transforme pas, il reste immuable dans sa logique de fonctionnement, et ce qu'elle que soit les régimes[25]. Cela donne lieu à de la récalcitrance, au sens où Isabelle Stengers l'entend[26]. Les vétérans de guerre, qu'ils soient russes ou français, ne font jamais de récriminations contre l'Etat. Ils ne se retournent jamais contre ceux qui les ont contraint à la métamorphose. Ils sont récalcitrants eu égard à la deuxième métamorphose, celle qu'ils sont obligés d'accomplir, seuls et sans mode d'emploi, au sortir de la guerre. Ils demandent à être reconnus au sens littéral du terme, à savoir "connus une deuxième fois", dans leur nouvel état. D'où l'importance des commémorations laïques ou religieuses, de l'érection de monuments aux morts, au soldat inconnu, …

Le centre de soin pour vétérans de guerres "perdues" fonctionne donc bel et bien comme un sas, un passage ritualisé. Il est en articulation avec le réseau de vétérans et de non-vétérans, c'est à dire la société civile, pour l'organisation de commémorations[27], de recherche de fonds, d'aides sociales aux familles, de soutien aux mères de disparus, … Le centre tisse constamment des liens avec tous les membres du réseau thérapeutique local, que ce soit la médecine hospitalière, les groupes charismatiques ou les Babouchka[28].

 

CONCLUSION. LA NEGOCIATION DES MONDES[29] .

Bien qu'étant un exemple de réussite, le projet que nous avons réalisé à Perm a néanmoins fait l'objet de critiques de la part de certains collègues psychologues, critiques qui partaient des interrogations suivantes: faut-il soigner des vétérans de guerre, des agresseurs? Cette question sonne le glas de la pensée, en psychologie clinique parce qu'elle est de nature morale. Or un psychologue clinicien n'est pour personne, un psychologue clinicien n'est contre personne. Il est avec les personnes qu'il traite. Ces cliniciens n'ont peut-être pas conscience qu'en se comportant de la sorte, ils deviennent les fossoyeurs de leur discipline. Penser n'est pas dangereux, c'est la non-pensée et le moralisme qui l'est. Les vétérans russes de la guerre d'Afghanistan étaient des appelés, ils n'étaient pas des guerriers nés. Guerriers, ils le sont devenus.

En ethnopsychiatrie, nous considérons les patients comme des messagers. Leurs symptômes sont des signes. Ils peuvent notamment traduire la manière dont ils ont été traités et pensés au préalable, par l'intention d'un autre, humain ou non-humain[30].

Je propose d'élargir la réflexion concernant les passages d'un état à un autre à d'autres combattants ayant participé à ce qu'ils appellent des guerres perdues au cours de la deuxième moitié de ce siècle, à savoir: les appelés français en Algérie et en Indochine. Comment ces expériences ont-elles forgés le destin collectif, le destin de tout un peuple au travers des expériences singulières?

Le clinicien-thérapeute est un témoin des dysfonctionnements, des ratés de l'histoire collective qui se retrouvent sous forme de symptômes dans la vie singulière d'un individu. C'est de cela que le clinicien doit témoigner, en agissant, en faisant sortir sa pratique de l'université, sans toutefois jamais perdre de vue l'obligation qui lui est faite de penser son action et de transmettre ce que les terrains cliniques lui ont enseigné.

Trop pesants, les silences qui, en France, recouvrent nos guerres "perdues". Trop bruyantes les explosions de violence, de haine, de colère, d'incompréhension de certains "anciens des guerres d'Indochine et d'Algérie". Une solution réside dans la mise en place de centres de réhabilitation pour vétérans des guerres perdues, celles pour lesquelles les souvenirs sont des douleurs, des colères, des hontes ou des silences…

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

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Notes

[1]. Pour donner un ordre d'idée au lecteur, la superficie de la région de Perm est égale à la moitié de la superficie de la France.

[2].
Qui veut dire "le soutien" en russe. Pour en savoir plus sur cette mission tant d'un point de vue historique que clinique, voir Sironi F., " L'ethnopsychiatrie au service des vétérans russes de la guerre d'Afghanistan", Le Journal des Psychologues, N° 160, 1998.

[3].
Médecin au Centre Primo Lévi ( centre de soin pour victimes de tortures et de répression politique), à l'époque des faits et actuellement fondatrice de l'Association Osiris (Centre de soins pour personnes traumatisées de guerres ) basée à Aix-en-Provence.


[4].
Médecin exerçant à La Ciotat et membre de l'Association Santé Sud, une organisation non-gouvernementale à caractère médical, basée à Marseille.

[5].
Vétéran de la guerre d'Afghanistan et président de l'Association Opora (le soutien) qui gère le centre de réhabilitation.

[6].
Coordinateur du centre, vétérans de la guerre d'Afghanistan.

[7].
Psycho-sociologue, ayant contribué pendant de nombreuses années à faire entendre la spécificité de cette expérience de guerre.

[8].
Psychologue ayant travaillé depuis de longues années avec Vladislav Firsov.

[9].
Médecin neurologue. Avec son père chirurgien qui opéra des vétérans de la guerre depuis des années, il a souhaité intervenir dans le champ spécifique des vétérans de guerre.

[10].
Entre deux missions, le travail clinique s'effectuait par téléphone et au travers de documents cliniques (présentation de cas et analyse). Ces documents étaient systématiquement traduits en russe ou en français, selon les cas.

[11].
La formulation est problématique dans la mesure où dans le système classificatoire de soins traditionnels, qu'ils soient occidentaux ou non-occidentaux, la distinction entre étiologie psychologique et étiologie physique n'est pas pertinente.

[12].
A propos de l'ethnopsychiatrie en tant que discipline et pratique clinique, voir Nathan T., "L'ethnopsychiatrie entre thérapie et psychothérapie", 1999. Pour la description du dispositif ethnopsychiatrique, voir, du même auteur, Fier de n'avoir ni pays, ni amis, quelle sottise c'était, Grenoble, La Pensée Sauvage, 1993.

[13].
Carl von Clausewitz, De la guerre, édition abrégée présentée par Gérard Chaliand, Paris, Perrin, 1999.

[14].
Voir Droit R.P., "Comme à la guerre", Chronique, Le Monde des Livres,10 Décembre 1999, p.V

[15].
Voir Sironi F., Bourreaux et victimes. Psychologie de la torture, Paris, Odile jacob, 1999.

[16].
Voir Barrois C., Psychanalyse du guerrier, Paris, Hachette, 1993.

[17].
Il semblerait qu'à l'heure actuelle, c'est à dire depuis la chute du communisme, le bizutage ne serait plus aussi drastique qu'il a été à l'époque des faits que nous relatons. Je n'ai pas pu vérifier cette information.

[18].
Concernant la nature et la fonction des objets, voir Tobie Nathan,"L'ethnopsychiatrie entre thérapie et psychothérapie", 1999.

[19].
A propos d'une étude ethnopsychiatrique de S. Milosevic, voir Sironi F., "S. Milosevic, un purificateur obsédé par l'idée de souillure", L'Evénement, N° 758, du 13 au 19 Mai 1999.


[20].
Sur la question de l'attaque des objets culturels dans les conflits contemporains, voir Sironi F., "Les stratégies de déculturation dans les conflits contemporains. Nature et traitement des attaques contre les objets culturels", Ramonville Sain-Agne, Erès, 2000, à paraître.

[21].
Sur l'analyse théorique et clinique du concept de traumatisme psychique et sur la psychothérapie avec des patients traumatisés, voir F. Sironi, Bourreaux et victimes. Psychologie de la torture, Paris, Odile Jacob, 1999. Voir également T. Nathan, "Apologie de la frayeur", in L'influence qui guérit, Paris, Odile Jacob, 1994.

[22].
Voir le chapitre que Tobie Nathan a consacré au traumatisme, "Apologie de la frayeur" dans son livre L'influence qui guérit, Paris, Odile Jacob, 1994.

[23].
Il s'agit bien d'un nouveau monde quand tous les systèmes d'échange, de conception du travail et de la place de l'homme dans un système qui sont totalement modifiés.

[24].
Les vétérans de la région de Perm revenus invalides de la guerre d'Afghanistan.

[25].
La fameuse "raison d'état" est un invariant politique en ce sens qu' elle existe partout, quel que soit le régime politique ou le mode de fonctionnement de l'état.

[26].
Voir Stengers I., "Pour en finir avec la tolérance", Cosmopolites, Tome 7, La Découverte/les Empêcheurs de penser en rond, Paris et le Plessis Robinson, 1997.

[27].
De superbes monuments aux morts ont été construits dans chaque ville, grande moyenne ou petite, de l'Oblast de Perm.

[28].
Les Babouchkas, ou grand-mères, soignent avec des plantes et des incantations rituelles. Elles vivent relativement éloignées des grands ensembles industriels, dans les impressionnantes forêts de bouleaux et dans la taïga.

[29].
Expression empruntée à Tobie Nathan. Voir "L'ethnopsychiatrie entre thérapie et psychothérapie", , 1999.

[30].
Sur le statut de l'intentionnalité de l'agresseur en ethnopsychiatrie, voir T. Nathan et I. Stengers, Médecins et sorciers, Le Plessis Robinson, Les empêcheurs de penser en rond, 1995. Sur le statut de l'intentionnalité de l'agresseur qui est fait en ethnopsychiatrie dans l'approche clinique et thérapeutique des victimes de torture et de traumatismes intentionnels, voir F. Sironi, op. cit.,1999a

 

 


 


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