Tobie Nathan

1993

L'influence qui guérit

une théorie générale de l'influence thérapeutique

 

 
mis à jour le dimanche, 15 mai, 2011 22:14

 

Résumé :

Tentative, à partir des connaissances acquises en psychanalyse, en psychothérapie et en ethnopsychiatrie de jeter les bases d'une théorie générale de l'influence thérapeutique. Le livre est structuré en trois parties : 1 - comment observer les dispositifs thérapeutiques ; 2 - que changer aux théories existantes afin de rendre le domaine observable ; 3 - restituer aux notions de frayeur et de traumatisme la dignité que leur a retiré la notion psychanalytique de l'angoisse.

Motsclés

psychopathologie, psychiatrie, psychanalyse, psychiatrie sociale, psychotherapie, évaluation des psychotherapies, anthropologie, ethnopsychiatrie, ethnopsychanalyse, psychiatrie comparée, psychiatrie transculturelle


nouvelle édition,
Odile Jacob, 2009
16 Euros dans les bonnes librairies


édition originale,
Odile Jacob, 1993

 

 

édition de poche
Odile Jacob, 2001
8 Euros

 


traduction espagnole , Fondo de Cultura Economica (Buenos Aires, Argentina, 1999

 

 

 

Extrait de l'introduction:

"Un docteur sait, un médecin soigne, un thérapeute applique une thérapeutique. Si les mots "docteur" et "médecin" découlent d'une sorte de parti-pris de prudence, relèvent d'une philosophie où le savoir serein prévaut sur l'activisme aveugle, "thérapeute" n'est qu'un euphémisme mou, une tentative de contourner le paradoxe fondamental de celui qui fait métier de guérir. Car guérir est toujours un acte de pure violence contre l'ordre de l’univers. Et nulle thérapeutique n'est plus violente que celle qui entreprend de guérir l'âme. Car dans les désordres psychiques, ce dont souffre le patient exprime la vérité la plus profonde de son être. Le guérir, consiste à l'expulser de ses choix, à lui interdire ses stratégies d'existence décidées dans un moment crucial de sa vie et appliquées systématiquement depuis. Guérir consisterait alors à exercer une influence démiurgique et à se penser par là même l'égal du dieu monothéiste : tout puissant et transcendant. Mais au nom de quoi, et à partir de quelle certitude?
Ce livre est né d'un moment de perplexité — un temps d'entre-deux — où faisant retour sur moi-même je me suis demandé si j'exerçais une telle influence sur mes malades, si je me croyais véritablement capable de les transformer — seulement en surface ou véritablement en profondeur? Cette tranformation, si elle existait, était-elle toujours pour leur bien ? Ou bien étais-je inoffensif, voulant leur bien, comme sans doute bon nombre de leurs proches, et assistant, aussi rempli d'illusions que démuni de pouvoirs, à leurs tentatives d’autodestruction ou d’autoguérison ?


D'abord formé à la sociologie et à l'anthropologie, puis à la psychologie et à la psychanalyse, j'ai exercé mon activité thérapeutique dans la plupart des types d'institutions de soins psychiatriques existant en France : en hôpital psychiatrique, en dispensaire d'hygiène mentale, en Centre Médico-Psycho-Pédagogique, en Centre Hospitalo-Universitaire, en Centre de Protection Maternelle et Infantile. Partout, j'ai trouvé des docteurs (au sens de ceux qui savent) agissant sur des patients et, comme on dit vulgairement, ne "faisant pas dans la dentelle". Aujourd'hui, je sais que, du moins en psychiatrie, le plus puissant ressort de leur action est avant tout le prestige de la médecine. Mais ils agissent aussi par la magie de molécules — ô combien actives — par des dispositifs de prise en charge, des relais sociaux, la force aveugle des institutions — et Dieu sait si elles sont contraignantes —, par leur parole enfin, qu'ils prétendent toujours "de vérité". Et partout où je suis passé, j'ai vu les docteurs prétendre tout de même "laisser s'exprimer la vérité du malade", son "désir". Ils disaient l'aider sans violence, sans contrainte, l'accompagner dans la découverte de sa nature profonde. Et ces bons docteurs, ces psychanalystes lisses, ces thérapeutes aux mains propres, je les ai toujours vus armés jusqu'aux dents, armés d'une pensée d'abord — qu'ils prétendaient scientifique, démontrée, définitive —, une théorie qui toujours justifiait cette idée étrange selon laquelle leurs actes, les torsions qu'ils imposaient au monde concret du patient, n’étaient qu'émanations de ses propres souhaits. Et s’il ne connaissait pas ses désirs secrets, si sa famille se débattait avec une fausse idée de lui-même, c’était, disaient-ils, que des processus morbides, voire l’obscur travail de l’inconscient, les rendait tous aveugles.


Entendons nous ! Je sais combien la pratique de la psychanalyse par un véritable professionnel et selon les règles de l'art peut être bénéfique au patient dans une relation contractuelle, librement consentie. Mais lorsqu’elle règne en idéologie maîtresse dans un service de psychiatrie ou dans une consultation médico-psychologique, elle devient, comme tant d’autres prétendues théories scientifiques, un galimatias de causalités naïves et, en dernière analyse, un outil d’auto-justification destiné à des apprentis sorciers — quelquefois, mais si rarement — inspirés.


Et jusqu'aux psychanalystes (j’en suis un) se voulant au dessus de la mêlée, les pires en ce domaine lorsqu'ils travaillent en institution, qui ont même — chacun s'en souvient — clamé un moment qu'ils n'avaient aucune intention thérapeutique, qui ont prétendu que leur action n'était thérapeutique que "de surcroît". Est-ce à dire à leur insu ? de mauvaise grâce ? contre leur gré ? Qui sait ce qu’ils voulaient dire par là ?…"

 

A Healing Influence

How can western psychiatry help immigrants who do not share the same cultural references? Why does western psychiatry fail when it goes outside the cultural framework in which it was created? Despite their irrational practices, traditional “healers” have a much greater success rate treating patients from Africa, North Africa and the Caribbean than western-trained doctors, with all their “science” and medication.
Tobie Nathan explains the methods used by traditional healers, and shows how western doctors can learn from them — without sacrificing scientific rigor — in order to really help patients from other cultures.
His book raises several questions: Could psychiatry, despite its scientific appearance, act simply as one technique among others to exercise influence? Could more productive methods of helping disturbed people be found among marginal or “different” practices?

Tobie Nathan teaches clinical and pathological psychology at the University of Paris VIII and heads the Centre Georges Devereux of ethno-psychiatry. He is the author of La Guérison Yoruba and La Psychanalyse Païenne (Editions Odile Jacob, 1998).

 

Paris, Odile Jacob,
1993, 350 p.

 
 

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