roman

mis à jour le mercredi, 22 mai, 2013 1:24

 

 

 

 

Tobie Nathan

Psychanalyste, spécialiste d’ethnopsychiatrie, professeur des Universités, mais aussi écrivain de polars. On lui doit Saraka bô, porté à l’écran, Dieu-Dope, 613 et Serial Eater, aux éditions Rivages.

 

 

 

   
   

sortie le 27 février 2013

Les Nuits de Patience

Collection Rivages Thriller

20 Euros dans les bonnes lbrairies.

Editions Rivages


 

4ème de couverture

« Mais les esprits, ces fragments de création qui continuent chaque nuit à naître des ténèbres, ceux qu’il faut bien appeler “djinnas authentiques”, qui ne se sont pas commis jusqu’à devenir des divinités, ceux dont l’existence fait aujourd’hui encore monter la sève dans la tige des arbres, qui arrondissent les fruits mûrs et les ventres des femmes, interfèrent toujours dans la vie des humains à la demande des sorciers. On dit que le pays où ils sont les plus nombreux s’appelle de leur nom, Djinnée, qu’on prononce aujourd’hui Guinée. En toute logique, c’est aussi le pays où l’on trouve le plus de sorciers. »


Venue en France poursuivre des études mais chassée par sa famille, la jeune Patience est confiée au psychologue Ernesto Sanchez, à qui elle avoue qu’elle « sort la nuit et mange les gens ». Comment croire une chose pareille ? Religieux, exorcistes, politiciens, simples villageois ou migrants, autant de gens pour qui la sorcellerie n’a pourtant rien d’une vague superstition folklorique. Car la sorcellerie, et donc les sorciers, servent avant tout… à tuer.

 
Critiques
   

dans Les Échos du 21 mai 2013, une critique de Véronique Minguy


Par Veronique Minguy

| 21/05


Chaque semaine, une critique (ou deux) de romans policiers par des amateurs du genre : c’est le Rayon Polar des Echos. Ici « Les Nuits de patience » un thriller sorcier de Tobie Nathan...

Pour le pasteur de la communauté guinéenne, Patience est une sorcière qu’il faut exorciser. Mais pour le service d’aide sociale à l’Enfance de la mairie de Paris, c’est une adolescente battue, chassée par sa tante. C’est ainsi que la jeune étudiante fraîchement arrivée de Guinée est confiée aux soins d’Ernesto Sanchez, le psychologue du centre médicaux psychologique de l’impasse du Désir. Elle lui avoue qu’elle « sort la nuit et mange les gens ».

Le jeune psychologue veut trouver ce qui se cache derrière cet aveu surprenant. Fasciné par la beauté ensorcelante de la jeune fille et son étrange histoire, il la suivra jusqu’à Nzénékoré, village natale de sa protégée, dans la forêt guinéenne. « Les nuits de Patience » deviennent la « Nuit » d’Ernesto. Il y rencontrera l’invisible derrière les masques et les statuettes. Il sera confronté aussi à la folie meurtrière.

Tobie nathan ne plonge pas directement le lecteur au cœur de l’intrigue de son roman. C’est le procès d’Ernesto qui déroule le fil de l’histoire, policière, puis géopolitique avec ses espions et ses secrets. On y découvre que Patience est le gri-gri perdu d’un dictateur guinéen... Une arme pour son opposant. « Car la sorcellerie, et donc les sorciers servent avant tout... à tuer », nous avertit la quatrième de couverture. En s’initiant aux rites forestiers Ernesto part à la rencontre de lui-même, mais il n’en prendra conscience que plus tard.

Le doute émerge

« Il est bien des façons de rechercher la vérité historique. La pire n’est peut-être pas l’imagination, puisque c’est l’imagination des hommes qui fabrique l’histoire. », écrit l’auteur en épigraphe de son livre. Tobie Nathan, chercheur en ethno-psychiatrie et écrivain, signe un roman noir digne de ce nom. Mais quelle part l’expérience du chercheur a nourrit l’intrigue ? Le doute émerge. « Les pratiques [de sorcellerie] que nous observons de nos jours sont celles des églises évangéliques, qui construisent leur fonds de commerce sur la poursuite de prétendus sorciers », explique un expert auditionné au procès d’Ernesto. Nous voilà presque rassurés.

Il n’empêche que l’histoire penche du côté obscur. « Les Nuits de Patience » fascine autant qu’il déroute... Pas de démonstration de scientifique, ou d’expert en sciences occultes. C’est là sa force : on ne peut pas tout expliquer. Comme Ernesto, il faut aller chercher les réponses cachées derrière les masques. L’invisible reste inaccessible. Le temple est bien gardé.

LES NUITS DE PATIENCE de Tobie Nathan, Rivages/Thriller, 299 pages, 20 euros.
Véronique Minguy
   
   
le 8 avril 2013 par Laurent Greusard
sur le site de K-libre

Réel inventé

Tobie Nathan travaille autour des différences culturelles avec comme point de départ la question de comment soigner si l'autre n'a pas la même vision du monde, si l'autre n'a pas les mêmes croyances. Toute la théorie psychiatrique occidentale part d'invariants comme le complexe d'Œdipe mais quid de son universalité ? Avec Les Nuits de Patience, l'ethnopsychiatre propose une mise en pratique extrêmement romancée de ce fossé culturel à travers la figure de deux personnages, Ernesto Sanchez, psychiatre occidental, bien dans sa peau et sa vie, et la jeune Patience, originaire de Guinée et qui avoue "manger des gens la nuit". Qu'estcce que cela recouvre exactement ? Est-elle une sorcière ? Pourquoi deux policiers français cherchent-ils à l'arrêter ? Quel rapport entre cette jeune femme et le président de Guinée, un militaire un peu lunatique qui veut la récupérer ?

Maitrisé stylistiquement, le roman ne cherche pas à asséner des vérités mais à nous faire progresser vers une meilleure compréhension des différences. En essayant de retrouver Patience en Guinée, Ernesto Sanchez se trouve être le jouet d'un univers fantastique dont il ne comprend pas les ressorts. Patience, elle-même, semble être enfermée dans le rôle que l'on veut lui faire jouer, car elle sait qu'elle est une sorcière, ou, du moins, qu'elle en possède les pouvoirs puisque tous croient qu'elle les a. La dérive et la folie du pouvoir, les corruptions ordinaires d'un pays en pleine déliquescence, les rapports de violence sont montrés au sein d'une intrigue qui, sans sombrer dans le manichéisme ou la description politique, vise juste. Le lecteur est plongé dans une vision qui oscille entre la description d'une réalité brute et les détails qui semblent échappés d'un long cauchemar, créant une atmosphère hypnotique d'où il est alors difficile de s'extraire.

Tout la virtuosité de Tobie Nathan nous pousse en pleine empathie, en pleine joie ou souffrance avec ses personnages, nous rend ce qu'il décrit comme éminemment réel, vivant, proche, même, si, en parallèle, c'est un monde fondamentalement étranger qui nous est proposé, nous obligeant à faire le travail qu'il accomplit lui-même, à savoir nous mettre dans la proximité de l'autre, dans son monde et son vocabulaire, pour comprendre au mieux ce qu'il ressent - qu'il s'agisse d'un prédicateur, d'un chef africain, d'un sorcier ou d'un militaire rebelle. En quelques romans, présentant une profonde unité mais évoquant des mondes différents, Tobie Nathan a créé une œuvre envoutante et imposante, dont Les Nuits de Patience est incontestablement le dernier reflet.

Citation

C'est un récit du début des temps, un temps avant le temps, avent le temps où on a commencé à compter le temps.

Rédacteur: Laurent Greusard

 

   
   

 

sur Focus Vif.be

 

 

Le 21 mars 2013 par Olivier Van Vaerenbergh


Olivier Van Vaerenbergh

Les nuits de patience, l'ethno-roman noir ***

THRILLER | Vingt ans après Saraka Bô, le Franco-Égyptien Tobie Nathan revient au roman noir, toujours baigné d'ethnopsychiatrie, sa première spécialité.

La belle, la brûlante, l’à peine pubère Patience mange les gens. “Elle sort la nuit, et mange les gens.” C’est en tout cas ce que raconte et assume l’hypnotisante jeune femme au psychologue qui la reçoit dans son centre d’accueil, impasse du Désir; Patience Gomez a été frappée, battue, presque tuée. Arrivée à Paris il y a quelques semaines à peine depuis Nzénékoré, son petit bled de Guinée, Patience a presque aussitôt été chassée par sa famille. Une famille d’accueil persuadée d’avoir été elle-même frappée par les Djinns, “ces fragments de création qui continuent chaque nuit à naître des ténèbres”: le fils est tombé malade, le mari a chopé le diabète, la tante a perdu son boulot..

La faute à Patience, la sorcière. Qui sort la nuit, et mange les gens. Et qui cette fois, contre toute attente et le vague savoir de son psy, assume le fait d’être une sorcière…

Un Djinn. Un esprit maléfique. Qui va conduire son pauvre bougre de psy et ses lecteurs souvent bienheureux dans les méandres passionnants des sciences occultes guinéennes, mais aussi de la géo-politique internationale, de l’estrade de prévaricateurs fous aux gris-gris d’un dictateur en manque de maléfices. Tobie Nathan, le spécialiste français de l’ethno- psychiatrie, en a le savoir-faire. Tobie Nathan, l’auteur de thrillers, s’occupe du “faire-savoir”. Et les deux se marient admirablement depuis 20 ans.


Fiction et science


Ne dites pas à Tobie Nathan, qu’on pouvait croiser à la dernière Foire du Livre, qu’il use de la fiction et d’un genre populaire pour faire circuler ses idées et ses théories, longtemps révolutionnaires en matière de psychologie clinique -et consistant, pour le dire vite, à tenir compte dans l’accueil et le traitement de patients d’origine étrangère de leur environnement social et de leurs propres sciences, fussent-elles occultes-, l’élégant sexagénaire vous assénera que, mais enfin, “bien sûr que non! Je ne suis pas professeur lorsque je suis écrivain. Je nourris probablement mes livres de ma propre expérience, mais ils n’ont pas d’autres ambitions que d’être des romans de fiction.” Avant d’ajouter, dans un sourire énigmatique: “Mais pour un scientifique, comme il est écrit en épigraphe de mon livre: “Il est bien des façons de rechercher la vérité historique. La pire n’est peut-être pas l’imagination, puisque c’est l’imagination des hommes qui fabrique l’histoire.”” Les nuits de patience doivent donc se lire comme un roman, et non pas comme un traité d’ethnopsychiatrie: Tobie Nathan a effectivement le bon goût d’user de toutes les (grosses) ficelles du genre -meurtres sanglants, procès en flashback, flics originaux- pour y rester, ne tombant que rarement dans la démonstration. Dans Les nuits de patience, comme dans Ethno-roman, son précédent opus, biographique mais qualifié d’essai -ce qui lui a valu le prix Femina- l’écrivain y tient encore le scientifique sous sa coupe. Les Djinns sont sans doute avec lui.

Olivier Van Vaerenbergh

à lire sur sur Focus Vif.be

 
Télés
 

sur France Ô

Le 14 avril 2013

dans Tropismes*, l'émission de Laure Adler

Vingt ans après «Saraka Bô», Tobie Nathan revient au roman noir, toujours baigné d'ethnopsychiatrie, sa première spécialité. Dans «Les Nuits de patience», il raconte l'histoire de Patience, une adolescente qui sort la nuit et mange les gens.


L'émission : Les littératures du Sud sont aussi diverses que les populations composants les pays du Sud. "Tropismes" est l'unique émission littéraire du paysage audiovisuel offrant une fenêtre d'expression aux auteurs de ces pays dans un écrin particulier.


Laure Adler

pour visionner l'émission ici <—

 
   
 

sur La Chaine Parlementaire Public Sénat,

participation à un débat sur les enfants sorciers

à l'occasion de la projection d'un film

Les enfants du diable
Réalisé par Daniel Grandclément


13/04 à 22h30 et Samedi 13 avril à 22h suivi d'un débat sur @publicsenat

Présentation du film

Ce sont des enfants comme les autres, mais un jour, parce que l’argent manque, ou qu’un malheur vient d’arriver, chômage, maladie ou décès, on les désigne comme étant «sorciers». De ce jour, leur vie devient un enfer. Chassés par leurs propres parents, ils sont battus s’ils veulent revenir dans leur foyer. Des dizaines ou des centaines de milliers d’enfants subissent ce rejet en Afrique de l’Ouest, mais plus particulièrement au Congo RDC. Malheureux, maudits. Pauvres parmi les pauvres, malaimés, victimes faciles de toutes les exploitations. Daniel Grandclément essaie de comprendre le phénomène qui les frappe et prend de l’ampleur à Mbuji Mayi, une métropole du centre du Kasai, un pays de mines et d’argent facile. Pays du diamant, des fortunes et de la misère. Les enfants sorciers y sont corvéables sans risques, sans soutien et pour peu cher. Et là, dans le dédale de galeries étroites, sous terre et dans la boue, ils souffrent mais réussissent à survivre.



Ce documentaire retrace leur vie quotidienne, les suit sur les trottoirs de Mbuji Mayi ou au fond de la mine. C’est l’une des rares voix qui s’élève aujourd’hui pour dénoncer la condition tragique des enfants du diable.

Production DGP (52')

Suivi d’un débat sur L'Afrique des enfants sorciers


Dominique Souchier

Présenté par Dominique Souchier
avec :

Tobie Nathan, ethnopsychiatre
Vincent Hugeux, journaliste spécialiste de l’Afrique
Pierre Jacquemot, chercheur associé à l’Iris, ancien ambassadeur de France en RDC
Aleksandra Cimpric, anthropologue

—> pour visionner l'émission, ici