2

tobie nathan
613
(roman)

Paris, Editions Odile Jacob, 1999

  Extrait :
« _ T'es juif, c'est ça ? Eh ben, tu peux dire ton shema', guignol. Parce que, mon pote, usurpation de divinité, ça va chercher dans les mille ans ou même davantage. C'est quoi ton nom ? Et cette fois, l'autre avait été sensible à l'argument ; il avait répondu :
_ Yitzhak Beni Nathane... Sebbag avait éclaté de rire.
_ On l'a pincé à traîner sous l'immeuble qu'on surveille pour notre affaire...
_ Quelle affaire ?
_ L'histoire des Bongolais...
_ Les Bongolais ? Quels Bongolais ?
_ T'occupes, Sebbag, t'es pas dans le coup ! On te demande juste de nous aider à l'identifier.
Le Black, il devait être doué. Il semblait avoir capté toutes les attitudes des feuj. Chaque fois qu'il se penchait en avant, il rattrapait d'un geste instinctif la calotte qui voulait se faire la malle. Et puis, il scandait ses phrases de "que son nom soit sanctifié", baroukh hachem , baroukh hachem . Sebbag s'était mis à regarder la fille. Même sapée comme une bonne-soeur, on devinait que ses doudounes auraient pu jouer dans les canons de la baronne et même qu'ils y auraient tenu le rôle principal ... »

L'histoire :

Abraham Abadie, c'était un bon gros psychiatre bien tranquille Mais qu'est ce qu'ils avaient tous à lui cavaler au train depuis quinze jours ? Ce clodot, d'abord, et puis cette bande de Bongolais, la DST et le Mossad par dessus le marché... Voila que Dieu s'y mettait lui aussi ... Mais il avait les nerfs solides, le psychiatre ! Les nerfs, c'était son métier, après tout !...

...

En librairie, chez Odile Jacob, le 19 janvier 1999 !Si vous voulez écrire à l'auteur : Tobie Nathan

   
   
 

Une critique de Collègue et Pardo sur la toile

 

  LE JOURNAL DU DIMANCHE, 7 Fevrier 1999

Tobie Nathan remet ça. Le professeur de Psychologie clinique à Paris 8 nous donne, près Saraka Bô, notamment, 613, un nouveau roman toujours dans la lignée du thriller ethnopsy qu’il affectionne.

Quelle verve ! Cette fois, les aventures mouvementées du psychiatre Abraham Abadie, Abie pour les intimes, sont traitées façon San Antonio avec mour, intrigue, sexe, espionnage et courses de voitures épiques style Bullit, le tout agrémenté d’une savoureuse plongée dans la culture juive. De " la négresse blonde qui entre par une porte cachère " à la femme dont " les doudounes auraient pu jouer dans les canons de la baronne, le professeur s’amuse bien. Nous aussi.

L’histoire, compliquée, nous emmène du côté de la DST et du Mossad à propos d’un coup d’état chez les Bongolais. Mais ce sont les personnages qui, plus encore que l’intrigue, sont extraordinaires. Le psy, d’abord, qui ressemble à l’auteur comme un frère, mais aussi un vrai-faux clochard savoureux, une Isabelle compulsive " métisse : moitié juive, moitié catho ", un flic étonnant et une mère juive comme on n’en fait plus.

Elle habite rue de la roquette et sa principale activité, au début de l’histoire, est le gin-rummy. Extrait du portrait : " elle produisait un bruit permanent, comme les vaches suisses, une sorte d’identité sonore : l’incessant cliquetis de ses ors – ceux des sept bracelets qu’elle portait à chaque bras et ceux des pendeloques de ses boucles d’oreille… une sorte de musique qui accompagnait sa présence comme une effluve. " Le reste à l’avenant…

On rit, on se divertit et, plus étonnant, on réfléchit à toute cette humanité mélangée, ballottée dans un chaos qui en révèle les profondeurs, entre situation sociale, culture et religion. Un polar qui pourrait être un livre de sagesse, ce n’est pas si courant…

Jean Cavé

Le journal du Dimache, 7 Fevrier 1999, page 23

 

  ACTUALITE JUIVE HEBDO 11 MARS 1999  Qui a voulu tuer Abraham Abadie ? Pourquoi le combiné téléphonique de œ psychiatre sans histoire a-t-il explosé à quelques centimètres de sa tête manquant de peu sa cible ? Un patient paranoïaque ? L'une de ses ex petites amies éconduites ? Où faut-il plutôt se tourner du côté de l'expertise psychiatrique dont il est chargé dans une affaire de meurtre rituel africain ?Toujours est-il qu'Abraham Abadie ne va plus connaître une minute de tranquillité. Le voila entrainé dans une aventure débridée où courses-poursuites, filatures et morts violentes sont monnaie courante. Sur sa route jalonnée de surprises, notre psychiatre va croiser un clochard ashkénaze, une jeune femme atteinte de névrose obsessionneile, un inspecteur de police séfarade... et d'étranges juifs orthodoxes africains venus de Zébraville au Bongo !Une dose de psychanalyse, un zest d'ethnologie, une pincée d'humour juif... Tobie Nathan a concocté un polar truculent composé de pièces parfaitement hétéroclites, de prime abord. Mais cet étrange patchwork culturel s'articule étonnamment bien, invitant le iecteur à quitter ses repéres habituels et à abandonner ses préjugés.Une lecture tout en surprises. Un récit en forme de joyeux tourbillon dont on sort légèrement étourdi.
 

NOTES BlBLIOCRAPHlQUES JUSTIFICATIF Abie est ethnopsychiatre comme l'auteur, Tobie Nathan. (Cf. Saraka Bô, N.B. mai 1993, p.654 et Dieu-dape, N.B. août-sept. 1995, p.1168). Mais lorsqu'il sort de la prison de la Santé, où il a été voir un Bongolais soupçonné d'anthropophagie, il est méchamment embarqué par deux balaises en jeans et blousons. Une sombre histoire de mine d'uranium au Bongo fait cavaler Mossad, DST, services secrets en tous genres pour récupérer le contraT de vente. Abie va avoir fort à faire avec ces déjantés du bazooka, du FM à lunette à visée laser. Téléphone qui explose, rocket devant son immeuble, ça canarde comme dans la plaine de la Bekaa. Et sa mère, juive égyptienne, qui veut absolument le marier à une vraie Juive respectueuse des 613 <<mitzvot" ou commandements!Racontée par Samuel le copain SDF qui a dû aussi trafiquer dans le renseignement, une course-poursuite - plus dingue, sanglante, tu meurs! - sur fond d'interrogations philosophico-pratiques sur l'identité juive. Une virée meurtrière sur les chapeaux de roues dans Paris, par un "San Antonio du secteur psychiatrique".Bonne typographie - Niveau de Lecture I

 

 

LE COURRIER DE L'OUEST DIMANCHE25 AVRIL 99Abraham Abie, un Jeune psychiatre juif travaillant avec l'administration pénitentiaire parisienne, est subitement traqué par les services secrets d'un colonel putchiste du Bongo. Il ignore que dans l'ombre, le Mossad et la DST s'activent. Soutenu par sa mère ultra possessive, aidé de ses amis, Samuel, le juif errant SDF et Tsipora, une jeune femme fragile, Abie qui ne comprend rien à cette folle histoire résiste tant bien que mal.

 

 

L'ARCHE FEVRIER 99 - 613 par Tobie Nathan… Le gourou de l'ethnopsychiatrie nous livre un polar très psy et évidemment très juif. Odile Jacob, 268 p., 120 F.

 

 

LE CANARD ENCHAINE 7 AVRIL 1999"La voie aux chapitres"Frédéric PagèsLe psychiatre Abie est doté d'une mère qui n'a jamais digéré que Dieu fasse sortir les Juifs d'Egypte (" On y était trop bien "). Il est aussi équipé d'un sexe qu'il surnomme, en hommage à Karajan, Herbert "parce qu'il pensait gue c'était lui qui organisait toute sa vie, son chef d'orchestre". Ce roman de Tobie Nathan (ethnopsychiatre, auteur de "Saraka Bô" et "Dieu dope") est un labyrinthe, agité comme un souk. On en ressortira riche de vérités incontestables ("0n fabrique le Messie par notre prière et on le fabrique, tu vois, pour qu'il nous fabrique") et de la sagesse d'Alexandrie (.. On a fait "pilpoul". Pilpoul ça veut dire le poivre - autrement dit le débat permanent, celui qui donne son goût à l'existence"). Au fait, pourquoi 613 commandements dans le Talmud ? Pour le savoir, une seule solution : faire Pilpoul - F. P.

 

 

Le Parisien — 8-9 mai 1999CHRISTINE ARNOTHY A LU" 613 "Lorsqu'un psychiatre veut amuser en utilisant l'humour juif au deuxième degré, il court un risque. Tobie Nathan frôle la réussite. Son roman pourrait être – avec quelques réserves – un passe-temps agréable. Auteur d'un essai " L'influence qui guérit ", Nathan décrit ici notre époque, celle des humains à la dérive. Le récit tourne souvent à la caricature. Les protagonistes sont indifférents aux préoccupations métaphysiques. Ces grands bavards, livrés aux hasards, vivent sans trop de tourments. Qu'importe le lendemain ! Le personnage principal, un psy, coule des jours heureux. On le paye pour qu'il écoute les monologues des clients allongés sur son divan.Le premier récitant de cette histoire – plutôt croquignolette – est un SDF qui rencontre le médecin et s'y attache. " C'était un bon gros, raconte-t-il, avec des yeux clairs, couleur noisette, qui se marraient tout le temps. Je sais pas... je sais pas pourquoi, mais il inspirait de la tendresse. On voyait, comme ça, qu'il pensait qu'à ses problèmes... rien qu'à ses problèmes... ses histoires avec les gonzesses. Ca le rendait sympa…"La mère juiveIntervient ensuite la classique mère juive, et son portrait pastiche. En dehors du bridge, sa préoccupation première est la vie quotidienne de son fils. Les conversations en langage "hébreu égyptien" rendent le texte – pour les non-initiés – dur à comprendre. Trop de folklore tue le folklore. Mais si on traverse indemne ces dialogues, on revient enfin vers l'action où se confondent – lors d'une poursuite échevelée – Dieu et les services secrets israéliens.Ce texte qui baigne dans l'ironie de l'écrivain n'est un plaisir de lire qu'en cas d'affinité intellectuelle avec ce monde. Les amateurs d'exotisme de bon aloi peuvent participer à un mariage juif à la marocaine dont le livre offre une image aussi instructive que pittoresque. Lecture-excursion ? Lecture-évasion ? En tout cas, des esquisses émouvantes s'y côtoient. Mais tout cela réclame du lecteur un vrai désir et une bonne dose de patience.• Ed Odile Jacob 270 p., 120 F.

 

 

Droits de diffusion et de reproduction réservés © 2000-2004, Centre Georges Devereux